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0256 Cinq Cents Contes et Apologues : vol.1
Cinq Cents Contes et Apologues : vol.1 / Page 256 (Color Image)

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doi: 10.20676/00000294
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222   CONTES BOUDDHIQUES (No 58)

Lorsque le matin fut venu, il exposa à ses ministres comment était fait ce cerf et promulgua un édit pour faire appel à ceux qui voudraient le chercher ; il promettait à celui qui le prendrait de lui donner en apanage une préfecture et de lui faire don d'un vase d'or plein de grains d'argent et d'un vase d'argent plein de grains d'or. Telle étant la proclamation, l'homme qui avait failli se noyer se réjouit, dit : « Si je puis gagner une préfecture et deux vases, l'un d'or et et l'autre d'argent, je serai heureux jusqu'à la fin de mes jours ; quant au cerf, s'il en perd la vie, en quoi cela me concerne-t-il ? » Il se rendit donc promptement au palais et informa le roi de tout ce qu'il savait ; à peine eut-il parlé que son visage devint lépreux et que sa bouche devint pourrie et empestée : il dit encore : « Ce cerf a une puissance surnaturelle ;- ô roi, il vous faut emmener avec vous une multitude d'hommes pour le prendre. » Le roi se mit alors à la tête- d'une armée et traversa le fleuve à la recherche du cerf.

Celui-ci cependant était lié d'amitié avec un corbeau ; comme il était couché et dormait, il ne s'aperçut pas de la venue du roi ; le corbeau lui dit : « Ami ! le roi vient pour vous prendre. » Mais le cerf, accablé de fatigue, n'entendait pas ; le corbeau lui piqua donc l'oreille de son bec en répétant : « Le roi vient pour vous tuer. » Le cerf, stupéfait, aperçut le roi qui tenait son arc bandé et tourné contre lui ; il se porta aussitôt au-devant de lui, s'agenouilla, se prosterna et dit : « 0 roi, veuillez m'accorder un quart d'heure de vie; je voudrais vous exposer mes humbles sentiments. » En voyant le cerf agir ainsi, le roi ordonna qu'on cessât de tirer des flèches.

Le cerf reprit : « O roi, vous faites grand cas de la première reine et vous endurez en personne des fatigues pour la satisfaire ; ma perte est donc inévitable. Mais, ô roi, vous demeuriez au plus profond de votre palais ; comment avez-vous su que ma chétive personne se trou-