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0257 Cinq Cents Contes et Apologues : vol.1
Cinq Cents Contes et Apologues : vol.1 / Page 257 (Color Image)

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doi: 10.20676/00000294
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CONTES BOUDDHIQUES (N° 58)   223

vait ici ? » Le roi répondit en indiquant l'homme du doigt : « C'est ce lépreux qui m'en a informé. » Le cerf dit : « Je cherchais de bonnes herbes pour m'en nourrir lorsque j'aperçus de loin cet homme qui se noyait, qui invoquait le ciel et demandait pitié. Par compassion, je me jetai moi-même dans le péril pour le sauver ; quand cet homme fut monté sur le rivage, il était tout joyeux et me dit en se prosternant : « Ma vie était près d'être détruite, mais vous l'avez sauvée ; je désire vous fournir de l'eau et des herbes et être ma vie durant votre esclave. » Je lui répondis : « Allez-vous en ; mais, quel que soit l'endroit où vous vous rendiez, gardez-vous de révéler à aucun homme que je me trouve ici. » Le roi-cerf dit encore : « Mieux vaudrait retirer de l'eau des herbes ou des bois flottants pour les déposer sur la terre ferme plutôt que de faire sortir de l'eau un homme qui ne paie point de retour. Celui qui dérobe des richesses et qui en tue le possesseur, on peut encore lui pardonner son méfait ; mais quand quelqu'un qui a reçu un bienfait complote contre son bienfaiteur, c'est là une cruauté qu'il est difficile d'exprimer. » Le roi dit, tout surpris : « Quel est donc cet animal qui a en lui une vaste bienveillance, qui sacrifie sa vie pour sauver les autres et qui ne considère pas que cela soit chose bien difficile ? Cet être est certainement céleste. »

Le roi, approuvant fort les paroles du cerf, se réjouit et s'appliqua avec ardeur à la vertu. Il promulgua cet ordre dans son royaume : « Dorénavant, qu'on laisse manger les cerfs à leur gré ; ceux qui oseraient me désobéir seront tous punis de mort immédiate. » Quand le roi fut revenu dans son palais, la première reine, apprenant qu'il avait remis le cerf en liberté, eut un tel accès de colère que son coeur se rompit; elle mourut et entra dans (l'enfer de) la Grande Montagne. Çakra, souverain des devas, apprit que ce roi avait une volonté ferme et honorait la bonté ; il le