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Cinq Cents Contes et Apologues : vol.1 |
74 | CONTES BOUDDHIQUES (No 20) |
n'eut plus aucune envie de faire du mal au paon; celui-ci, qui le savait bien, s'exprima au roi en ces termes : « Pour avoir reçu de Votre Majesté le bienfait d'avoir la vie sauve, j'ai sauvé en retour la vie de tous les habitants de votre royaume. J'ai achevé de m'acquitter ; je demande à me retirer. » Le roi y consentit.
Le paon alors s'envola au sommet d'un arbre et recommença à parler, disant : « Dans le monde il y a eu trois folies. » « Quelles sont-elles ? » demanda le roi. (Le paon répondit) : « La première est ma propre folie; la seconde est la folie du chasseur ; la troisième est votre folie, â grand roi. » Le roi dit : « Veuillez m'expliquer cela. » Le paon reprit : « Tous les Buddhas nous ont avertis à plusieurs reprises que la beauté féminine est un feu, qu'elle est la cause qui brûle le corps et met en péril la vie. J'ai abandonné les cinq cents épouses qui me servaient et je me suis épris du petit oiseau bleu ; je cherchais de la nourriture pour la lui offrir et j'étais comme son esclave; je fus pris dans les filets du chasseur et je mis en danger de mort ma personne et ma vie ; telle a été ma folie. Quant à la folie du chasseur (voici en quoi elle a consisté) : je lui avais parlé avec la plus grande sincérité, mais il a renoncé à une montagne d'or et dédaigné des richesses immenses parce qu'il ajoutait foi aux mensonges des artifices de votre épouse et espérait épouser votre plus jeune fille. On constatera que, dans le monde, tous les cas de folie et de stupidité sont analogues à celui-ci : on rejette les avertissements très véridiques du Buddha et on ajoute foi à des tromperies démoniaques; le vin, les réjouissances et la débauche produisent alors parfois des maux qui détruisent toute une famille, ou bien font que l'homme après la mort, entre dans la Grande Montagne pour y endurer des tourments innombrables; si alors cet homme songe à retourner dans la condition humaine, il est semblable à un oiseau qui n'aurait plus d'ailes et qui voudrait monter jus-
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