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0163 Cinq Cents Contes et Apologues : vol.1
Cinq Cents Contes et Apologues : vol.1 / Page 163 (Color Image)

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doi: 10.20676/00000294
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CONTES BOUDDHIQUES (No 38)   129

gens chargés de liens; sur les chemins on n'entendait ni

paroles de haine ni, gémissements; ma bienfaisance se

répandait partout et il n'était personne qu'elle ne favo-

risât; cependant, parce que, dans mes sorties, les personnes

composant mon, cortège étaient fort nombreuses et parce

que mes éclaireurs faisaient évacuer la route en toute hâte

et que la multitude en était saisie de crainte, en définitive

j'entrai dans (les enfers de) la Grande Montagne où je fus

brûlé et . déchiré ; (ces supplices) durèrent soixante mille

années pendant lesquelles je demandais la mort sans

l'obtenir, je criais et je gémissais sans être secouru. Or,

en ce temps, j'avais, dans ma famille, mes parents aux

neuf degrés, et, en dehors d'el-le, mes ministres et mon

peuple ; ils avaient des richesses par centaines de milliers

de charretées ; ils jouissaient de toutes sortes de joies sans

limites ; comment auraient-ils vu que j'étais entré dans les

enfers de. la Grande Montagne, que j'y étais brûlé et torturé et que j'y endurais des souffrances infinies ? De la femme, du fils, des ministres et du peuple que je possédais lors de ma gloire dans la vie, qui aurait pu se charger pour moi d'une partie de tous ces maux? Je fus seul à endurer tous ces tourments qui furent sans limites; chaque fois que j'y songe, mon coeur est saisi de peur et mes os éprouvent de la souffrance; mon corps se couvre d'une sueur sans cause et mes poils se hérissent de froid. Quand certaines paroles ont été prononcées, le malheur survient; l'infortune les suit comme l'ombre suit le corps. Ainsi, bien que désirant profiter des paroles, je craignais d'attirer sur moi de nouvelles calamités; je ne saurais endurer une seconde fois les tourments de la Grande. Montagne ; c'est pourquoi donc j'ai lié ma langue et j'ai voulu résolument ne pas parler; cependant, au bout de treize années, des maîtres funestes vous ont engagé à m'enterrer vivant ; j'ai craint alors, ô grand roi, que vous n'attiriez sur vous-même les souffrances de la Grande Montagne, et, dans ces

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