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『東洋文庫所蔵』貴重書デジタルアーカイブ

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0061 Mission Scientifique dans la Haute Asie 1890-1895 : vol.1
1890-1895年の高地アジアにおける科学調査 : vol.1
Mission Scientifique dans la Haute Asie 1890-1895 : vol.1 / 61 ページ(カラー画像)

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doi: 10.20676/00000197
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DE PARIS A KHOTAN.   33

du préjugé créé par la coutume ; mais, comme il n'a point part aux biens de la communauté, on attend de lui une rémunération. D'ailleurs, la générosité a si peu de chose à voir en tout cela que les riches évitent avec soin de s'installer le long des routes pour échapper à des obligations dispendieuses. Le voyageur ne rencontre que des familles pauvres qui ont plus à gagner des passants qu'à leur donner. Aussi faut-il bien se garder d'apprécier le degré de richesse d'un pays semblable d'après ce qu'on voit sur le chemin.

Quelle triste contrée que ce versant chinois de l'Alay, avec ses montagnes nues, ternes, poudreuses, sans grandeur ni perspective, bizarrement déchiquetées, aux stratifications les plus discordantes ! On eût dit un amoncellement énorme de démolitions. C'était morne comme le désert de sable dont on sentait l'approche. La mélancolie de cette route était égayée (le temps à autre par la rencontre de joyeuses bandes (le Kyrghyz à cheval, revenant de quelque partie de plaisir, qui ne manquaient pas, du plus loin qu'ils nous apercevaient, de chanter à tue-tête en notre honneur et gloire une chanson improvisée se terminant invariablement par une allusion aussi flatteuse que suggestive il notre générosité.

Après Ming youl, on sort enfin des montagnes et l'on entre dans une plaine caillouteuse et aride, unie comme un miroir, qui s'étend jusqu'à la ligne verte du Kyzyl sou dans un lointain presque infini. Mais l'atmosphère chargée de poussiers fait paraître les distances plus grandes qu'elles ne sont : il suffit de trois heures de marche pour atteindre l'oasis de Kàchgar dont la bruyante activité, la riche campagne, coupée de canaux, plantée d'arbres font un vif et plaisant contraste avec la solitude désolée que l'on vient de quitter. Après l'agréable surprise du premier coup d'oeil, on s'aperçoit que le pays, quoique assez semblable à ceux de Marghélîin ou de Samarkand, ne les vaut point cependant; les cultures sont moins variées, les arbres moins beaux, une poussière impitoyable blanchit tout, l'herbe, les feuilles, les visages, on voit moins de chevaux que d'unes, tout petits, souvent montés par des hommes deux fois plus gros dont les jambes traînent; les vêtements

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