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『東洋文庫所蔵』貴重書デジタルアーカイブ

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0255 Mission Scientifique dans la Haute Asie 1890-1895 : vol.1
1890-1895年の高地アジアにおける科学調査 : vol.1
Mission Scientifique dans la Haute Asie 1890-1895 : vol.1 / 255 ページ(カラー画像)

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doi: 10.20676/00000197
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EXPLORATION DE 1893.   223

on n'apercevait guère que des lièvres et des perdrix, et la civilisation humaine était représentée uniquement par quelques troupeaux errants, paissant l'herbe courte et dure et par quelques tentes misérables blotties dans les coins les mieux protégés du vent et servant d'abri aux non moins misérables serfs du grand lama de Ta-chi-lhoun-po, seigneur dé ces lieux.

Nous campâmes au lieu dit Zam-na, à cinq milles de l'extrémité orientale du Nam tso. Une manière de brigadier de gendarmerie, coiffé

d'un turban rouge, étant venu de Lha-sa â notre rencontre, nous pria de nous arrêter là jusqu'à l'arrivée prochaine des fonctionnaires envoyés auprès de nous par le gouvernement central. Il nous promettait d'ailleurs, selon la formule stéréotypée, de nous procurer ce dont nous aurions besoin. Or, nous n'avions pu renouveler nos provisions dans un pays dont la population est trop clairsemée, trop pauvre, trop défiante ; nous étions å la ration depuis onze jours, nous n'avions plus une once de farine, nous avions secoué notre dernier sac de riz, égorgé notre dernier mouton. Sur nos soixante-et-un animaux, trente-six avaient péri et les tristes survivants, auxquels nous n'avions plus un grain d'orge ii donner, épuisés de fatigue, de faim et ,de froid, chancelaient sur leurs jambes, roulaient comme des barques en marchant; leurs flancs, où les côtes se dessinaient en un vigoureux relief, étaient, malgré la basse température, mouillés d'une sueur fétide, des gouttes de sang rougissaient leurs naseaux, des plaies s'étaient formées sur leur échine. Dutreuil de Rhins accepta donc les propositions qui lui étaient faites et écrivit au Légat Impérial en résidence à Lha-sa pour lui demander l'autorisation d'aller dans la ville sainte se reposer et reconstituer sa caravane. La lettre écrite, il appela le brigadier : « Voilii, lui dit-il, un message pour l'amban t chinois de Lha-sa. » — « Quel Chinois ? il n'y a pas de Chinois à Lha-sa ; pas un ! » — « Comment ! tu oses dire qu'il n'y a pas il Lha-sa un représentant de l'Empereur,

1. Mot mongol dont les Tibétains et les Turcs aussi bien que les Mongols se servent pour désigner les fonctionnaires chinois.