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0020 La Vie du Bouddha : vol.1
La Vie du Bouddha : vol.1 / Page 20 (Color Image)

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doi: 10.20676/00000286
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18   LA VIE DU BOUDDHA

celle « du Milieu », travaillaient encore d'après les indications orales de leurs donateurs, et non pas d'après des descriptions écrites : car seules ces sculptures sont susceptibles de nous fournir, et en fait nous fournissent parfois une forme inédite de la tradition populaire, en même temps que leur contrepoids nous sert de lest contre les envolées des textes.

ne se bornent pas d'ailleurs les services qu'elles peuvent nous rendre ; une étude approfondie des bas-reliefs ciselés sur les jambages et les linteaux des portes de Sâûchî, le seul ensemble que nous ayons conservé, révèle, croyons-nous, l'origine des rares données exactes qui nous aient été transmises au sujet de Çâkya-mouni et les raisons de leur exceptionnelle survivance. C'est un fait cent fois répété que les Indiens n'ont pas le sens historique : en revanche il faut reconnaître le goût et le soin particulier qu'ils déploient pour établir et perpétuer ce qu'on pourrait appeler la topographie de leurs légendes. Il est remarquable que chaque texte bouddhique se croie obligé de commencer par localiser l'épisode ou le sermon qu'il rapporte ; et la multitude des « guides de pèlerinages » (mâhâtmya) encore en usage procède de la même préoccupation. On peut ériger le fait en loi : n'ont subsisté dans l'Inde, avant leur notation par l'écriture, que les seuls souvenirs rattachés à un lieu ou à un objet déterminés ; mais en revanche ces souvenirs étaient susceptibles de durer aussi longtemps que les choses matérielles qui les rappelaient. Si nous savons aujourd'hui quelques détails de la vie du Bouddha, c'est que, dans chacune des huit villes jadis sanctifiées par sa présence, les moines du cru avaient de bonne heure organisé une tournée des monuments commémoratifs de son passage et l'accompagnaient régulièrement d'un commentaire pour le bénéfice de leurs visiteurs. Que ce ne soit .pas là supposition pure, nous en avons deux preuves pour une. Dès avant notre ère telle ou telle face de jambage des portes de Sânchî est consacrée à la figuration de tel ou tel cycle : les scènes ainsi groupées se rapportent à des moments différents de la vie du Bouddha ; leur association dans les esprits comme sur la pierre tient uniquement au fait qu'elles s'étaient déroulées sur le même théâtre. Une démonstration plus éclatante encore du rôle considérable qu'ont joué les « huit pèlerinages » dans la conservation de la légende nous sera fournie par le témoignage des pèlerins eux-mêmes. Une chance dont les indianistes ne cessent de se louer leur vaut en effet de posséder les mémoires de plusieurs des nombreux voyageurs chinois que leur piété bouddhique amena et promena dans l'Inde du ve au viiie siècle de notre ère.' Particulièrement précieux pour eux est celui de Hivan-tsang. Celui-ci ne manque pas en effet de relater à chaque étape ce qui lui a été conté, en présence de leurs « sacrés vestiges », au sujet des miraculeuses manifestations de l' « Honoré du monde » ; et, ce faisant, il nous répète si bien la leçon des textes sacrés que Stanislas Julien crut