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0061 La Vie du Bouddha : vol.1
La Vie du Bouddha : vol.1 / Page 61 (Color Image)

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doi: 10.20676/00000286
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LA NATIVITÉ   59

être considéré comme faisant partie intégrante des Écritures bouddhiques. Quand enfin le moment vint, quatre ou cinq siècles après la mort du Maître, de concevoir et de dessiner ou modeler ses images, en l'absence de tout document et de tout souvenir précis, les fidèles furent trop heureux de se reporter à cette énumération de toutes les marques de beauté et de grandeur. C'est alors et c'est ainsi que celle-ci en vint à être considérée comme une description, non plus du Bouddha naissant, mais du Bouddha parfaitement accompli, et que le manuel divinatoire se mua en une sorte de mémento iconographique. C'est bien comme tel que Tibétains et Chinois l'ont présenté aux premiers exégètes européens. Mais, par un quiproquo riche d'absurdes conséquences, cela revenait à appliquer, de gré ou de force, à un adulte le dénombrement des perfections physiques d'un enfantelet. On devine à l'avance les difficultés d'interprétation que cette confusion, encore que commise de bonne foi, devait fatalement entraîner à sa suite. Des singulières théories dont elle est la source responsable, certaines sont depuis longtemps tombées sous le ridicule, telles que celle relative à « l'origine africaine » du Bouddha (et en effet ne nous était-il pas décrit comme ayant des cheveux crépus à la façon d'un nègre ? ) ; d'aucunes sont encore courantes, à l'heure actuelle, telles que les fables relatives à la « bosse de sagesse » dont serait surmonté le crâne du Bienheureux. Comme nous ne nous occupons pas ici des origines du type consacré des idoles du Bouddha, nous n'avons pas à traiter des questions, embrouillées à plaisir, que cette méprise initiale a engendrées, d'autant qu'on les trouvera discutées ailleurs : mais peut-être n'était-il pas superflu de mettre le lecteur en garde contre des préjugés encore trop répandus.

Quand, munis de ces informations, nous revenons aux récits qui nous sont donnés de l'horoscope, nous ne serons pas autrement surpris de constater que, par leurs exagérations comme par leurs flottements, nos auteurs réussissent une fois de plus à dénaturer un fait dont la banalité même semblait garantir l'historicité. Bien entendu aucun d'eux n'a consenti à se contenter de la consultation demandée par le roi Çouddhodana aux astrologues professionnels que, tels les Valois, il est censé entretenir à sa cour, et qui lui ont déjà fourni, lors de la Conception, l'interprétation du songe de la reine. Leur méfiance à l'égard du verdict de ces brahmanes nous est d'ailleurs expliquée de façon assez ingénieuse. Les signes symptomatiques dont il vient d'être question, s'ils présagent sûrement la grandeur future du nouveau-né, ne suffisent pas à définir de façon certaine le genre de haute fortune qui l'attend. Comme aurait dit notre Moyen Age, il se peut qu'il devienne à volonté l'une ou l'autre « des deux moitiés de Dieu, le pape et l'empereur ». En langage indien, on lui laisse le choix entre le rang de Monarque universel et celui de Bouddha parfait. Aussi n'a-t-on pas manqué de rappeler à ce propos le double