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0142 La Vie du Bouddha : vol.1
La Vie du Bouddha : vol.1 / Page 142 (Color Image)

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doi: 10.20676/00000286
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140   LE CYCLE DU MAGADHA ET DESÉNARÈS

tant de pratiques et de tant de moyens le çramane Gaoutama n'a pas été capable de découvrir quelque noble doctrine dépassant le

niveau de la morale courante ; comment le pourrait-il à présent

qu'il mange de la mangeaille et qu'il vit dans l'abondance ? Ce n'est qu'un imbécile, un niais. Et dans cette pensée, ils. quittèrent

le Bodhisattva et, s'étant rendus à Bénarès, ils s'installèrent dans le Parc-des-Gazelles. » Nous les y retrouverons bientôt pour leur confusion comme pour leur salut.

Voilà donc le Bodhisattva de nouveau seul, et dans l'état de faiblesse et de dénûment que l'on sait. C'est à peine s'il peut se tenir debout, et ses vêtements, que depuis six ans il n'a pas quittés, le quittent : comment pourrait-il dans ces conditions retourner au village faire sa quête ? Rien de plus simple, pensez-vous, que de lui faire derechef apporter par une divinité un costume monastique ; et c'est en effet le parti auquel se résoudra finalement notre auteur. Mais il lui faut tenir compte des données topographiques du mâhâtmya local comme des exigences traditionnelles de la discipline monastique ; et c'est ainsi qu'il commence par nous montrer le fils-de-roi qui a dédaigné l'empire du monde réduit pour couvrir sa nudité à dépouiller de son linceul le cadavre, abandonné sur la place de crémation, d'une jeune servante. Ainsi entré en possession d'une pièce de toile de chanvre, il lui faut à présent la laver, et pour la laver à la mode indienne deux choses lui sont nécessaires : d'abord de l'eau, et frappant la terre avec le plat de sa main une divinité fait aussitôt apparaître un étang « lequel est, aujourd'hui encore, connu sous le nom de Frappé-par-la-main » ; puis une pierre — cette pierre si justement redoutée des dames européennes et sur laquelle les dhobi actuels continuent de battre à tour de bras le linge, ce qui économise le savon, mais n'épargne aucune fibre textile. Bien entendu, Çakra, l' Indra des dieux, s'empresse d'apporter la dalle indispensable et offre même de s'acquitter en personne de l'oeuvre servile du blanchissage. Comme de règle, le Bodhisattva s'y refuse : mais, descendu lui-même dans l'étang, il n'en pourrait plus ressortir si la dryade qui habite un des grands arbres du bord ne lui tendait sur sa prière une branche secourable. Aussitôt remonté sur la rive, il s'assoit à l'ombre de cet arbre et se met en devoir de façonner en manteau monastique la grossière pièce d'étoffe qu'il vient de nettoyer : et du temps de notre auteur on montrait encore aux pèlerins la place de cette séance de couture. Hivantsang, à son tour, a vu l'étang, la pierre et la place où le Bodhisattva avait revêtu les « vieux vêtements » ; mais dans l'intervalle (avait-on voulu par scrupule monastique éviter au Prédestiné l'apparence d'un larcin et la vue d'un corps de femme ?) ces haillons étaient devenus le legs d'une pauvre vieille mourante. De toutes façons l'épisode est fort pathétique, et l'on conçoit que les dieux eux-mêmes s'en soient émus, à tel point que l'étonnante nouvelle se propage d'étage en étage jusqu'au plus haut