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0043 La Vie du Bouddha : vol.1
La Vie du Bouddha : vol.1 / Page 43 (Color Image)

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doi: 10.20676/00000286
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LA NATIVITÉ   4I

passage dans le sein maternel : « C'est bon, est-il écrit, de parler de cette souillure pour les autres : lui seul en est exempt ». Quant au tabernacle, d'un art et d'un éclat sans pareils, sous lequel il se tenait assis, le dieu Brahma, au moment de la naissance, l'a emporté dans son paradis et lui a consacré un sanctuaire. Et si vous pouviez concevoir là-dessus quelque doute, apprenez qu'à la demande du Bienheureux il a lui-même un jour rapporté des cieux cette précieuse relique pour la mettre sous les yeux de la Communauté...

Tel est le suprême effort de la légende pour assurer l'absolue pureté de la suprême renaissance du Bodhisattva ; et, en vérité, il ne lui était guère possible d'aller plus loin dans cette voie. Tout à l'heure nous avons vu que son père putatif n'intervenait plus à l'occasion de la Conception ; maintenant il est permis de se demander quelle part sa mère même prend à sa gestation. Non seulement il est entré en elle avec son corps tout formé et sans perdre à aucun moment la conscience de sa suprématie intellectuelle et morale, mais il n'a jamais eu avec elle le moindre lien organique : tant et si bien qu'on finit par se demander pourquoi il a tant fait que d'avoir recours pour naître à l'intermédiaire d'une femme. Rien ne lui aurait été plus facile que de se dispenser de ces dix mois d'emprisonnement dans le fétide milieu d'une matrice humaine : il n'avait qu'à se passer de mère comme de père et renaître, lui, le premier de tous les êtres, de la naissance spontanée qui est le privilège des dieux ; sans aller chercher plus loin, il n'avait qu'à éclore dans le lotus merveilleux où s'élabora la goutte de nectar qui le soutint pendant toute la grossesse de sa mère. Pourquoi la légende n'a-t-elle pas pris nettement ce parti au lieu de s'empêtrer dans ce mode hybride de génération qui n'est plus simplement humain, mais qui n'est pas non plus tout à fait divin ? Si vous insistez pour le savoir, les textes vous répondront : ils ne sont jamais embarrassés pour répondre, et toujours de la façon la plus édifiante. Si le Bodhisattva est descendu en ce monde dans le sein d'une femme, c'est par pure commisération pour nous. Se serait-il manifesté comme un dieu, nous aurions tous désespéré de jamais pouvoir l'imiter, encore moins l'égaler ; c'est pour mieux nous encourager par son exemple à la pratique de toutes les vertus qu'il a voulu n'être, lui aussi, qu'un homme. Telle est du moins la raison sublime que l'on se plaît à nous. donner, et, comme l'apologétique chrétienne n'a pas dédaigné de s'en servir également, il faut avouer qu'elle sonne familièrement à nos oreilles. Suffisante pour fermer la bouche au fidèle, elle n'en impose pas à l'historien. Celui-ci sait bien qu'au cours de toute transformation d'un homme en dieu, il est toujours aisé d'écarter tôt ou tard le père : il n'est pas à beaucoup près aussi commode de se débarrasser de la mère. La légende bouddhique a eu beau entasser à propos de la dernière réincarnation du futur