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0286 La Vie du Bouddha : vol.1
La Vie du Bouddha : vol.1 / Page 286 (Color Image)

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doi: 10.20676/00000286
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284   LES CYCLES MINEURS

pour établir l'authenticité du principal miracle de Çrâvastî. Il semble bien que nous touchions là ce qu'Eug. Burnouf appelle « la simplicité primitive et le bon sens pratique du Bouddhisme ancien 3).

Mais où et quand l'humble vérité a-t-elle satisfait la dévotion de la foule ? Que le Bienheureux ait triomphé par la force invincible de sa parole, c'était là chose admise d'avance ; mais ne fallait-il pas qu'en un débat d'une importance si décisive sa prédication eût revêtu, ne serait-ce que par ses accessoires, un aspect exceptionnel ? C'est à ce point que, bien que travaillant toutes les deux dans le même sens, les traditions du Nord et du Sud commencent à diverger. Pour 'celle-ci le Grand prodige devient avant tout et restera jusqu'à nos jours, dans les textes comme dans l'imagerie, le « Prodige sous le Manguier ». En cette occsion solennelle le Bouddha aurait commencé par opérer le miracle qu'imitent encore aujourd'hui, jusque sur le pont des paquebots à l'escale, les prestidigitateurs indiens ; mais tandis que ces derniers ne font pousser en quelques minutes d'un noyau de mangue que l'arbuste de quelques décimètres de hauteur dissimulé dans leur sac de jongleur, c'est un arbre immense, tout couvert de fleurs et de fruits et tout bourdonnant d'abeilles, que le Bienheureux fait s'élever en un instant jusqu'au ciel et au pied duquel il prend place. Tel il est encore aujourd'hui représenté en Indochine indienne ou à Ceylan sur de pieuses chromo-lithographies ; et tel il était déjà symbolisé dès le ier siècle avant notre ère sur la porte Nord du grand stoupa de Sânchî. De son côté la légende du Nord-Ouest a préféré prêter en cette occasion au Bouddha une de ces « pensées mondaines » que tous les êtres de l'univers s'empressent à réaliser : et c'est ainsi que, par les soins de deux génies aquatiques, jaillit du sol un énorme lotus « à mille pétales, large comme une roue de char », sur lequel le Bienheureux s'installe dans la pose de la prédication et qui restera le trait caractéristique de toutes les représentations à la mode gandharienne du Grand prodige, --- de toutes celles du moins où le Maître est figuré assis.

Voilà donc déjà étendu sur le fait original de la victoire verbale un premier vernis de merveilleux. D'autres applications pareilles suivront ; mais déjà il devient difficile de discerner entre elles des lignes de démarcation très nettes. Archéologues et philologues ne savent que trop comment les couches successives dont nous parlions tout à l'heure ont la mauvaise habitude de s'entre-pénétrer : et c'est ce qui rend si délicate l'étude stratigraphique des tertres comme des textes. Dès le niveau le plus bas que nous atteignions nous voyons déjà pointer le souci d'adjoindre à la parole du Maître d'autres manifestations, de plus en plus fulgurantes, de ses pouvoirs surnaturels. Un premier temps se marque où l'une et l'autre tradition se bornent à faire intervenir les fameux « miracles jumeaux » — lesquels, on s'en souvient,