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0335 La Vie du Bouddha : vol.1
La Vie du Bouddha : vol.1 / Page 335 (Color Image)

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doi: 10.20676/00000286
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ti

CONCLUSIONS   333

dans le même vide sidéral que le leur, il ne trouve à faire tourner que l'enfantine image de la Grande roue. Quand il professe une sorte de phénoménisme intégral, cela ne veut pas dire qu'il ait poussé l'analyse des sensations aussi loin que Hume et que l'école anglaise. Quand il traite sur le même pied données physiologiques ou psychiques, ce n'est pas davantage qu'il soit arrivé au même stade d'expérimentation que nos psycho-biologistes, mais seulement qu'il ne différencie pas encore nettement ces deux ordres de faits. Ne lui demandez pas s'il est matérialiste ou idéaliste ; non plus que les présocratiques, il n'en sait rien : matière et esprit s'interpénétrant encore, le monde et l'idée qu'il s'en fait se confondent pour lui dans le même acte. Les éléments ultimes du Devenir, pour évanescents qu'il les conçoive, ont néanmoins une sorte de réalité : on ne peut pas dire qu'ils sont, mais, puisque connaissables et par suite nommables, on ne peut davantage dire qu'ils ne sont pas — non pas même le Nirvâna

6   qui, étant le seul inconditionné, est proprement le contraire de
tous les autres. Travaillant à la suite du Maître sur ces « normes »

lé   (dharma), la secte des Doyens n'en compte pas moins de cent
soixante-dix, et, en ce cas particulier, il est à croire que la liste la

9i`   plus longue est la plus ancienne, parce que la plus confuse. Or,

=il   si l'on parcourt ce catalogue à peine coupé de quelques rubriques

classificatrices, on y voit se coudoyer les notions les plus hétéro-

t   clites. Organes sensoriels et sensations, états affectifs et concepts,

i¢   facultés intellectuelles et forces morales, idées et volitions, vertus

Ça   et vices, potentialités salutaires, funestes ou neutres, tout cela

tt   s'aligne à la file et sur le même plan. On tient en mains la preuve

if   qu'au lendemain de la mort du Bouddha, et a fortiori de son

t;+   vivant, physiologie et psychologie, physique et métaphysique,

l   systématique et morale étaient toujours mal débrouillées. Nous

sommes au temps où, de l'aveu même des peuples qui nous ont

it   laissé par écrit leurs mémoires, le siège de la pensée n'était pas

10   encore placé dans le cerveau, mais dans le coeur.

Le résultat immédiat de ces observations n'est pas seulement

0   de dissiper les illusions rétrospectives que d'aucuns nourrissent

g   et propagent sur la prétendue modernité des vieux penseurs in-

diens. En même temps qu'elles nous empêchent d'oublier les

vingt-quatre siècles qui nous séparent de Çâkya-mouni et de faire trop bon marché de l'apport des civilisations qui, en dépit de bien des éclipses, ont brillé dans l'intervalle, elles nous permettent de proposer une solution à la plus grave difficulté que rencontre l'interprétation du système du Bouddha — nous voulons dire le raccord entre sa métaphysique et son éthique. On a vu ci-dessus comment il a tiré de la Formule de la Production conditionnée, deux moutures bien distinctes, d'une part dans sa Première prédication, et d'autre part dans la secondé homélie adressée aux mêmes auditeurs. Tandis que la conclusion des Quatre vérités affirme et précise son intention moralisatrice, celle du Sermon