National Institute of Informatics - Digital Silk Road Project
Digital Archive of Toyo Bunko Rare Books

> > > >
Color New!IIIF Color HighRes Gray HighRes PDF   Japanese English
0057 La Vie du Bouddha : vol.1
La Vie du Bouddha : vol.1 / Page 57 (Color Image)

New!Citation Information

doi: 10.20676/00000286
Citation Format: Chicago | APA | Harvard | IEEE

OCR Text

 

LA NATIVITÉ   55

nouveau-né. Miracle : la divinité ou les divinités, loin d'accepter l'hommage qu'on veut qu'il leur rende, tombent au contraire à ses pieds... De ce merveilleux incident on n'a pas manqué de rapprocher un épisode bien connu d'un des Évangiles apocryphes de l'enfance. C'était au temps de la fuite de la Sainte Famille en Egypte : la Vierge et l'Enfant entrent par aventure dans un des temples du pays, et immédiatement les idoles tombent à terre. Si l'on raisonne dans l'abstrait, l'analogie semble indéniable : mais reportez-vous aux textes., et aussitôt vous verrez percer sous les ressemblances apparentes les divergences foncières. Que nous conte en effet le Pseudo-Mathieu ?

Ils entrèrent dans une ville que l'on appelle Sotinen ; et parce qu'ils n'y connaissaient personne à qui demander l'hospitalité, ils entrèrent dans le temple que les Egyptiens appellent Capitole. Et dans ce temple étaient placées 365 idoles auxquelles on rendait tour à tour, à chaque jour de l'année, des honneurs sacrilèges. Quand la Bienheureuse Marie fut entrée dans le temple avec le petit enfant, toutes les idoles furent renversées à terre... Et alors fut accomplie la parole du prophète Isaïe (xix, i) : « Voici que le Seigneur viendra sur une nuée légère et toutes les oeuvres des Egyptiens seront balayées de devant sa face ».

Que nous dit à son tour le Lalita-vistara ?

Et alors les vieux et les vieilles d'entre les Çâkyas se rendirent ensemble près de Çouddhodana et lui dirent : « Sachez-le, Sire, il faut conduire le prince au temple des dieux... » [Suivent les lieux communs sur la décoration des rues de la ville et l'organisation de la procession] . Et le roi Çouddhodana, ayant pris avec lui le prince, entra dans le temple ; et le Bodhisattva n'eut pas plus tôt posé dans ce temple la plante de son pied droit que, bien qu'inanimées, les images des dieux — à savoir celles de Çiva, Skanda, Nârâyana, Kouvêra, Tchandra, Soflrya, Vaiçravana, Çakra, Brahma, Lokapâlas, etc., — toutes s'étant levées de leurs places, tombèrent aux pieds du Bodhisattva... Et les divinités dont c'étaient les images, toutes, se montrant en personne, chantèrent un hymne (en son honneur)... Et à l'occasion de cette manifestation du Bodhisattva lors de son entrée dans le temple des dieux, trente-deux centaines de mille de divinités reçurent la vocation de la suprême et parfaite Illumination. Telle fut la cause, telle fut la raison que le Bodhisattva avait en vue quand il fut conduit au temple des dieux ».

Nul ne songera A:contester que, réduit à sa plus simple expression et, pour ainsi dire, à l'état brut, le fond des deux récits ne soit pareil : dans l'un comme dans l'autre les images des anciens dieux doivent s'incliner devant la supériorité du petit enfant qui sera l'instaurateur d'une religion nouvelle. Cependant leur lecture ne montre pas seulement que sur aucun point les circonstances accessoires ne se ressemblent : trait de plus grande conséquence, et en l'espèce décisif, les intentions des deux narrateurs se révèlent diamétralement opposées. Les idoles égyptiennes, précipitées de leurs socles par une force hostile autant que surnaturelle, mordent la poussière pour ne plus se relever : car ce sont de faux dieux dont le Christ est venu abolir à jamais le culte Au contraire, les divinités de l'Inde reçoivent de l'Enfant-Bouddha une visite de politesse, et c'est en toute spontanéité qu'elles s'em-