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0331 La Vie du Bouddha : vol.1
La Vie du Bouddha : vol.1 / Page 331 (Color Image)

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doi: 10.20676/00000286
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CONCLUSIONS   329

tourné au conflit si la douce patience de l'un des intéressés n'avait désarmé l'intransigeante agressivité de l'autre. Pourtant les sculpteurs chinois qui ont taillé dans les falaises rocheuses de Long-men de gigantesques images de Çâkya-mouni ont eu raison de l'encadrer justement entre ces deux disciples. Le jeune moine avenant debout à sa droite, tout comme l'austère vieillard décharné debout à sa gauche, personnifient admirablement, sur le plan physique aussi bien que moral, le dédoublement, poussé à ses limites extrêmes, des deux composantes qui se fondent en la pensive sérénité de leur Maître, figuré entre eux en son âge mûr. En dépit de leurs divergences, Ancien et Nouveau bouddhisme ont tous deux leur source en la personne du Maître ainsi que le Gange et l'Indus, bien que se jetant dans des mers différentes, sortent des deux versants du même massif himâlayen.

Les considérations qui précèdent peuvent servir à préciser le rôle historique de Çâkya-mouni dans l'évolution religieuse d'une grande partie de l'Asie. A qui n'est pas né dans sa religion, il est impossible de définir exactement la nature de son influence spirituelle, et d'en mesurer toute la profondeur. Il est en revanche facile d'en déterminer du dehors les plus évidentes limitations. A ce propos, trois observations de fait s'imposent. En premier lieu c'est à tort que l'on parle et qu'il nous est à nous-même arrivé de parler du « Sauveur » indien : l'expression n'est que.partiellement exacte. N'est vraiment dit un Sauveur, dans le sens plein du mot, que celui qui paye de sa personne et qui, l'ayant fait, continue par l'opération de sa grâce efficace à tendre à ses orants une main secourable pour les retirer de cet océan de misères et les élever jusqu'à lui. Or on a bien vu le Bouddha faire parfois de son vivant de pareils gestes pour assurer à sa façon le salut de personnages plus ou moins recommandables : mais depuis son Parinirvâna aucune aide quelconque n'est plus à attendre de lui, en dehors_ de ses préceptes et de son exemple, et il a laissé à chacun de ses adeptes le soin d'assurer lui-même son propre salut. Pour les générations présentes, il n'est plus que le pionnier, « le guide, le chef de caravane » qui, avant de disparaître, a frayé à l'intention de tous le chemin de la délivrance ; car n'oublions pas que son système est avant tout un « chemin ». Il n'importe que davantage, avant de s'y engager, de savoir où il mène. La réponse, que vous connaissez déjà, est des plus nettes : il ménage une issue hors du Samsdra, du tourbillon des renaissances ; et en effet la méthode du salut n'a été construite qu'en fonction de cette donnée primordiale, et par suite n'a de sens et de valeur qu'à partir d'elle. En fait la Bonne-Loi ne s'adresse directement qu'à ceux d'entre les hommes qui partagent la croyance en une forme quelconque de transmigration, et qui, las de se sentir perpétuellement entraînés dans ce cycle impitoyable, ne songent qu'à s'en évader, fût-ce dans le néant. On ne peut se dissimuler que par là se rétrécit singulièrement le champ d'opé-