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0161 La Vie du Bouddha : vol.1
La Vie du Bouddha : vol.1 / Page 161 (Color Image)

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doi: 10.20676/00000286
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L' ILLUMINATION   I 51?

voit toutefois se dessiner (non sans quelques flottements) dans les. trois textes que nous venons de citer une seconde version où. l'influence moralisante de la Communauté monastique prend nettement le dessus sur le goût des fidèles laïques pour les fables. mythologiques. Il s'agit bien encore, si l'on veut, d'un conflit,. mais non plus cette fois à main armée, disons plus exactement d'une sorte de concours pour le prix d'excellence entre le Bodhisattva et Mâra. Fier du souverain pouvoir que lui a jadis valu l'accomplissement d'un grand sacrifice volontaire, celui-ci somme son adversaire de quitter sa place sous l'arbre, dont il revendique la possession. De son côté le moine ne songe pas un instant à contester au dieu le mérite qui lui a conféré dignité et puissance :. il invoque seulement le fait que ses propres mérites sont encore supérieurs. Ce n'est pas un unique sacrifice, ce sont des sacrifices. innombrables qu'il a lui-même accomplis au cours de ses existences passées, alors qu'il a fait abandon de tout, de ses biens, de ses mains, de ses pieds, de ses yeux., de son sang, de sa tête, et cela sans autre but que le salut des êtres ; et à présent encore leur libération reste le seul objet de ses efforts. Malheureusement pour lui, dans sa solitude, il ne dispose d'aucun témoin qui puisse confirmer ses dires, tandis que la partie adverse a derrière elle une nuée de partisans ; aussi Mâra, voyant son avantage, de s'exclamer : « Tu es vaincu ! » Mais le Bodhisattva lui répond : « O Malin, cette terre, mère impartiale de tous les êtres, est mon garant. )» Et allongeant sa main droite dans le geste tant de fois reproduit par l'iconographie bouddhique et qui -est resté le symbole de l'arrivée à l'Illumination, il touche la terre du bout de ses doigts.. Aussitôt celle-ci tremble de six manières et résonne comme résonne sous le maillet un gong du pays de Magadha ; puis, non contente de se comporter à la mode indienne, elle recourt à un. procédé renouvelé des Grecs : « Et la Grande Terre, de son nom. Sthâvarâ, fendant le sol à proximité du Bodhisattva, se montra à mi-corps, parée de tous ses atours ; et, s'inclinant pour le saluer, elle lui dit : Il en est bien ainsi, ô grand homme, il en est bien ainsi ; il en est comme tu l'as affirmé, j'en suis témoin oéulaire... Et ce serait à la vue de cette miraculeuse apparition que l'armée-de Mâra aurait pris la fuite. La légende postérieure, telle qu'elle est restée vivante au Cambodge, a encore renchéri, non sans ingéniosité, sur ce thème nouveau. Souvenez-vous que dans l'Inde ancienne, pour qu'une donation devînt irrévocable, il fallait que le donateur versât quelques gouttes d'eau sur les mains du donataire. Au cours des âges les aspersions rituelles dont s'accompagnèrent les centaines de milliers de millions d'aumônes faites par le Bodhisattva ont mouillé à chaque fois le sol ; et la Démèter indienne en garde la chevelure à ce point imprégnée qu'en tordant ses tresses en manière d'attestation elle provoque une inondation qui noie et balaie toute là horde diabolique 1

Nous arrivons enfin à la seconde phase de ce long duel, au mo-