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0160 La Vie du Bouddha : vol.1
La Vie du Bouddha : vol.1 / Page 160 (Color Image)

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doi: 10.20676/00000286
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158   LE CYCLE DU MAGADHA ET DE BNARÉS

d'une secrète blessure, songeait à l'écart en traçant avec la pointe d'une flèche des lignes sur le sol : Le religieux Gaoutama va détruire mon empire. »

Le scénario, on le voit, ne manque ni de mouvement ni de couleurs, et porte à plein la marque de l'imagination populaire travaillant sur un thème épique en faisant appel à toutes les ressources des croyances traditionnelles. La preuve en serait, s'il en était besoin, que dans toute l'Asie orientale, du Gandhâra à Java et de Ceylan au Tibet, c'est toujours ainsi que l'imagerie bouddhique a figuré cet épisode et, à travers lui, l'arrivée à l'Illumination. Mais lâchez des théologiens dans le plus beau sujet d'épopée, et vous verrez quel gâchis ils ne tarderont pas à en faire. Ici le mal est forcément plus restreint que dans les immenses poèmes, si lamentablement défigurés, du Mahâbhârata et du mâyana : il n'en est pas pour cela moins profond. D'après le Lalita-vistara, Mâra n'est pas seulement réveillé au sein des délices du sixième ciel par le rayon lumineux émané du front du Maître : il faut encore que trente-deux songes de mauvais augure viennent redoubler ses craintes. Le conseil de guerre qu'il tient se divise en deux factions, l'une pacifique à sa droite, l'autre belliqueuse à sa gauche ; et entre les deux s'engagent en vers d'interminables palabres ; et sans doute les Muses aiment les chants alternés, mais elles n'ont malheureusement rien à voir dans l'alternance de ces stances, toutes plus prosaïques les unes que les autres. Quant à l'armée démoniaque, impossible de savoir jusqu'à quel point l'auteur croit ou ne croit pas à l'existence réelle de tous ces monstres. Pour les penseurs de la confrérie, ce _n'étaient évidemment que des allégories, personnifications de nos vices, tout comme les figures grotesques que Minerve chasse devant elle sur un tableau bien connu de Mantegna. Le Bodhisattva s'y serait trompé moins que personne : « Désirs, langueur, faim et soif, concupiscence, paresse, crainte, doute, colère et hypocrisie, telles sont, dit-il à Mâra, tes huit armées ». Et nul ne contestera qu'il n'ait raison de concevoir ainsi les choses. Il n'y a qu'un malheur : c'est qu'avec la conviction du narrateur tout l'intérêt littéraire du récit s'évanouit, et qu'à sa place s'installe l'ennui scolastique avec ses pédantes énumérations. Dans le Malu vastou, Mâra pousse tour à tour les dix grands rires ou les seize gémissements, tandis que le Bodhisattva profère les quatorze menaces et met ses ennemis en déroute avec quatre regards, quatre bâillements et quatre toux. Mâra, dans la Nidâna-kathâ, procède à neuf attaques par vent, pluie, rocs, ,armes, charbons ardents, cendres, sable et boue, toujours en vain, et plus tard tout déconfit de sa défaite, il continuera bien à tracer des lignes sur le sol : mais à présent ces lignes sont au nombre de seize, et chacune s'accompagne dans la bouche du dieu d'u.n aveu d'infériorité par rapport à son rival... Déjà vous demandez grâce.

Au milieu de ce fouillis de platitudes et de contradictions, on

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