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0070 La Vie du Bouddha : vol.1
La Vie du Bouddha : vol.1 / Page 70 (Color Image)

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doi: 10.20676/00000286
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68   LE CYCLE DE KAPILAVASTOU

ment elle échappe aux chagrins que lui aurait ménagés la vie, mais son apothéose sous une forme masculine la met normalement à l'abri de tout souci terrestre ou maternel ; elle ne devrait même plus avoir désormais aucune relation avec l'enfant de son existence antérieure, sauf au cours de cette saison-des-pluies où le Bouddha, par piété filiale, serait tout exprès monté dans son ciel pour lui prêcher la Bonne-Loi. Ainsi pensent et parlent froidement les docteurs ; mais il leur a bientôt fallu rendre la bride à l'imagination populaire. Non seulement celle-ci se complaît à garder une place à Mâyâ aux côtés du Bouddha devenu grand et même vieux, mais elle continue à l'évoquer, non point sous les traits du dieu que son karma l'a faite, mais toujours sous son aspect féminin et maternel. Bientôt nous la verrons reparaître au mo= ment des terribles austérités auxquelles se soumit le Bienheureux avant sa conquête de l'Illumination : un instant, nous dit-on, les dieux le crurent mort, et aussitôt la « reine Mâyâ » d'accourir, échevelée et tout en larmes. Une légende plus tardive, rapportée par Hivan-tsang, la mêle même aux scènes de l'Ultime trépas. Quand; nous dit-il, le Prédestiné eut été mis au cercueil, le moine Anourouddha, grâce à son pouvoir magique, monta au ciel pour informer la reine Mâyâ de la mort de son fils. Elle descendit aussitôt sur la terre en compagnie de nombreuses divinités et se mit à pleurer devant tout ce qui restait de son enfant, le cercueil, le manteau monastique, le bol à aumônes, le bâton de mendiant, bref toutes les reliques traditionnelles. Et alors, par le divin pouvoir du Bouddha, le couvercle du cercueil se souleva de lui-même et le Bienheureux, resplendissant de lumière, se mit sur son séant et, saluant sa mère, lui adressa quelques paroles de consolation. C'était une nouvelle leçon de piété filiale qu'il léguait ainsi aux générations postérieures, et telle est probablement la raison pour laquelle cet épisode est resté particulièrement répandu en Chine ; de fait c'est seulement par des textes chinois et de superbes peintures sino-japonaises que nous le connaissons. Mais qu'il fût Indien d'origine, nous en avons la preuve, puisque Hivan-tsang a vu à Kouçinagara le monument commémoratif qui marquait la place où la reine Mâyâ avait pleuré sur son fils mort. La légende bouddhique n'a eu de cesse qu'elle ne l'ait fait assister aux funérailles de son fils, exactement comme la tradition chrétienne aime à se figurer la Vierge debout sur le Calvaire, au pied de la croix sur laquelle « le fruit de ses entrailles » achève d'agoniser.

Que conclure à présent des remarques qui précèdent sinon qu'il peut être instructif et qu'il est émouvant de constater dans des époques, des milieux, des circonstances si dissemblables le travail de tendances si unanimes. Indubitablement c'est un besoin, ici comme là, pour la conscience religieuse, que la mère du Sauveur, qu'elle survive ou non à son enfantement, demeure désormais impollue ; non moins évidemment, c'est une quasi-

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