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0197 La Vie du Bouddha : vol.1
La Vie du Bouddha : vol.1 / Page 197 (Color Image)

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doi: 10.20676/00000286
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LA PREMIÈRE PRÉDICATION   195

Trunk-Road d'alors, qui (tout comme aujourd'hui la ligne principale de l'Eastern Railway) longeait la rive septentrionale de la grande artère fluviale de l'Hindoustan. Il aurait ainsi traversé le Gange, là où il devait quarante-cinq ans plus tard le franchir pour la dernière fois, près de l'endroit où allait s'édifier la future capitale impériale des Mauryas, Pâtalipoutra (auj. Patna). Ce n'est qu'ensuite qu'il met le cap sur l'Ouest, et ce crochet à angle droit, compte tenu des sinuosités de la route, doublait la longueur du voyage ; mais apparemment cet itinéraire à travers un pays déjà en grande partie connu de lui, avait ses avantages ou attraits particuliers, et on sait assez qu'en Orient le temps ne fait rien à l'affaire.

De toutes manières le Prédestiné était dans l'obligation de traverser le Gange ; car c'est la rive gauche du fleuve que, face au soleil levant, Bénarès couronne de ses palais et de ses temples, et borde de ses majestueux escaliers. C'est ici que l'attend un nouvel affront. En cette saison la puissante rivière, grossie par la fonte des neiges himalayennes, coule à pleins bords, et l'on ne peut songer à la guéer ni à la traverser en nageant, même en s'accrochant à la queue d'une vache. Le Bouddha va donc trouver le passeur et lui demande de le recevoir dans son bac ; mais celui-ci réclame d'abord le prix du passage, et le Maître est bien obligé d'avouer qu'il ne le possède pas... Ne craignons pas ck le répéter : Le Sauveur du monde, précepteur des hommes et des dieux, n'a pas un sou vaillant. Ce n'est toujours en pratique qu'un çramane ou, comme certains traduiraient en style médico-légal, un individu atteint de manie religieuse à forme ambulatoire, et que le premier gendarme venu aurait le devoir d'arrêter sous la double inculpation trop justifiée de mendicité et de vagabondage. Par bonheur pour Çâkya-mouni et ses pareils, l'Inde concevait et conçoit encore les choses autrement que nous : même en cet âge de fer (il vaudrait mieux le caractériser comme idolâtre de l'or) elle a gardé le sens et le respect du renoncement et de la pauvreté volontaires. Devant le refus du passeur, le Bouddha se résout à enfreindre la règle qu'il est censé s'être prescrite, à lui-même comme à ses moines, de s'abstenir de toute exhibition de pouvoirs magiques : d'un seul bond à travers les airs, il se transporte sur l'autre rive du Gange. Bientôt informé de cette performance miraculeuse, le roi Bimbisâra édicte que dorénavant tous les religieux, à quelque secte qu'ils appartiennent, seront dispensés de péage ; et ce dernier détail achève de nous prouver que la légende plaçait bien dans le royaume de Magadha, sur la rive droite du fleuve, le poste d'amarrage du bac.

Les artistes indiens ne semblent pas s'être attaqués à ce pittoresque épisode, sauf peut-être sur des peintures aujourd'hui perdues : mais ses difficultés n'ont pas fait reculer les sculpteurs javanais de Boro-Boudour. Ils nous montrent le fleuve plein de poissons et de tortues et coulant entre ses rives boisées, hantées