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0193 La Vie du Bouddha : vol.1
La Vie du Bouddha : vol.1 / Page 193 (Color Image)

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doi: 10.20676/00000286
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LA PREMIÈRE PR]DICATION   191

C'est le moment, ou jamais, de faire intervenir les divinités ; et quel meilleur avocat choisir pour une cause aussi sainte que le

plus imbu de spiritualité entre tous les dieux indiens, à savoir

Brahma. C'est à lui — et non comme dans les scènes de l'enfance à ce royal batailleur d' Indra — qu'appartient en cette pieuse cir-

constance le premier rôle. Assurément, quand il croit sa première

démarche repoussée, il appelle à la rescousse son habituel cornpagnon de miracle, et, avec lui, des myriades d'autres divinités.

Tous viennent, en te nue de cérémonie, « le manteau drapé sur

l'épaule gauche », joindre leurs instances aux siennes. Les artistes, toujours de mèche avec les donateurs, en profitent pour consa-

crer à la « Requête » des compositions plus ou moins touffues,

faisant pendant aux tableaux de l' « Instigation » — la seule différence, mais essentielle, consistant en ce que le trône central est

occupé non plus par le Bodhisattva, mais par le Bouddha accom-

pli. Que le nombre des suppliants soit réduit aux deux protagonistes, assistés ou non par les quatre Grands Rois, ou que le bas-

relief fourmille de divinités, c'est toujours Brahma, reconnaissable à sa chevelure, qui occupe la place d'honneur à la gauche du Maître, tandis que « Çakra, l' Indra des dieux » est à présent rejeté de l'autre côté du panneau : car les scènes figurées sont également soumises aux lois de l'étiquette.

Cependant le Bouddha s'est-il rendu aux prières, trois fois renouvelées, des dieux ? Tantôt ceux-ci se plaisent à croire que, selon sa coutume, « il a consenti par son silence » ; tantôt même ils se vantent de lui avoir arraché une promesse : mais en fait c'est une autre série de considérations qui a déterminé le Prédestiné. Si l'on contemple du bord un étang de lotus, on ne tarde pas à s'apercevoir que certaines fleurs sont encore très profondément immergées tandis que d'autres s'élèvent déjà bien au-dessus des eaux ; et il en est enfin qui, montant obscurément vers la lumière, sont déjà près de s'épanouir à la surface. De même, en considérant le monde avec son oeil divin, le Bouddha reconnaît que les êtres se divisent en trois catégories : ceux qui sont irrémédiablement enfoncés dans l'erreur, ceux qui sont déjà parvenus à la vérité, et ceux qui flottent encore entre la vérité et l'erreur. Pour les premiers, aucun espoir de les tirer (du moins dès à présent, car il ne faut désespérer de rien, ni de personne) des ténèbres de leur ignorance ou de leur fausse science ; pour les seconds, aucun besoin de leur apporter une aide quelconque, puisqu'ils se sont déjà tirés d'affaire tout seuls. « Que le Maître enseigne ou n'enseigne pas », peu importe donc aux uns comme aux autres. Mais il y a toute cette foule intermédiaire et incertaine qui hésite entre le vrai et le faux, qui balance entre le bien et le mal : ceux-là seront perdus ou sauvés selon qu'ils auront ou non l'occasion d'entendre la Bonne parole... Sachez que c'est pour l'amour d'eux que le Bouddha s'est décidé « à faire tourner la roue de sa Loi ».

LE CHOIX DE L'AUDITOIRE. - Cette généreuse résolution une