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0082 La Vie du Bouddha : vol.1
La Vie du Bouddha : vol.1 / Page 82 (Color Image)

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doi: 10.20676/00000286
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8o   LE CYCLE DE KAPILAVASTOU

l'Inde, il est temps de lui choisir une épouse. Nul doute que son père n'y ait songé : mais, du fait de ses répétitions machinales,

le rédacteur du Lalita-vistara transforme Çouddhodana en une

sorte de « roi Dagobert » qui en toute circonstance attend les avis de son entourage pour s'y conformer aussitôt avec la même bonho-

mie que notre chanson populaire prête au monarque mérovin-

gien. Le chapitre xi' ne manque pas de débuter par l'habituel cliché. Les mêmes conseillers bénévoles prennent l'initiative de faire remarquer au roi qu'il faut de toute urgence procéder à l'établissement du prince héritier — autrement dit, lui donner un

harem – si l'on veut le retenir dans le monde et avoir dans la

famille un Monarque universel pour le bénéfice de tout le clan. Comme il arrive lors de chacune de leurs interventions, Çouddho-

dana est immédiatement acquis à leur idée : « S'il en est ainsi, répond-il, examinez donc quelle jeune fille conviendrait au prince. » Sur quoi les Çâkyas, au nombre de cinq cents, chacun à son tour, dirent : « Ma fille conviendrait au prince, ma fille est fort belle. » Le roi dit : « Le prince est d'un abord difficile : il nous faut commencer par savoir du prince quelle jeune fille lui plaît...» Ne vous laissez pas leurrer par l'épithète que le père applique à son, fils et n'allez pas imaginer que vous tenez enfin une notation psychologique sur le caractère de Siddhârtha : il ne s'agit là que d'une épithète homérique, que les textes appliquent indistinctement à tous les grands personnages. On ne veut nullement nous dire que le prince était d'humeur hautaine, mais seulement que sa dignité personnelle en imposait à ceux qui l'approchaient. Ne soyons pas davantage effarouchés par les contradictions qui vont pulluler dans la suite de ce même chapitre. L'auteur qui n'est jamais en peine de rester conséquent avec lui-même avait le choix entre trois procédés traditionnels pour choisir la fiancée : n'ayant voulu en sacrifier aucun, il les a utilisés successivement tous les trois. Il peut alléguer pour sa défense que la demoiselle élue reste constamment la même et que par conséquent nul ne saurait se formaliser de ces triples fiançailles.

Reprenons donc la suite du récit au point où nous l'avons laissé. Dociles à leur tour aux instructions royales les donneurs d'avis vont en corps trouver le Bodhisattva et lui exposer l'affaire. Le Bodhisattva dit : « Vous entendrez ma réponse dans sept jours. » De la part d'un jeune homme de si belle prestance (on est jeune homme dans l'Inde à l'âge où chez nous on n'est encore qu'adolescent) vous trouverez peut-être qu'il n'envisage pas avec beaucoup d'empressement l'approche de son mariage. C'est que vous oubliez que cette histoire est écrite par un moine et qu'il ne peut l'écrire qu'à son calame défendant. Mettez-vous un instant à sa place : le point essentiel de la doctrine du Bouddha est l'expresse condamnation de tout désir, charnel ou autre, et voici qu'il se prépare, en contradiction avec tous ses futurs préceptes, à goûter les plaisirs de l'amour. Qui pis est, le pauvre hagio-