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0095 La Vie du Bouddha : vol.1
La Vie du Bouddha : vol.1 / Page 95 (Color Image)

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doi: 10.20676/00000286
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ENFANCE ET JEUNESSE   93

yogui, régulariser comme eux sa respiration et atteindre d'emblée au premier des quatre degrés de la méditation. Les autres hagiographes ont-ils estimé qu'il était peu croyable qu'un simple enfançon fût capable d'un tel effort mental ? Toujours est-il que l'on constate chez eux une curieuse tendance à en différer de plus en plus le moment jusqu'à venir à le placer à la veille même du Grand départ de la maison ; et il va de soi qu'à chaque retardement l'exploit mystique du Bodhisattva gagne en vraisemblance ce qu'il perd du point de vue du merveilleux. Pour une fois le Lalita-vistara professe une opinion moyenne en intercalant ledit épisode entre la Manifestation scolaire et la Compétition sportive : il est vrai qu'aussitôt sa manie d'exagération prend sa revanche en faisant franchir à son adolescent non seulement le premier, mais successivement les quatre degrés de la méditation, depuis celui qui comporte encore attention, raisonnement et joie intime jusqu'à celui où l'âme, dépouillant aussi bien tout procédé logique que tout sentiment de plaisir, de douleur ou d'indifférence, n'est plus que pure lucidité.

Nous accordons volontiers que, même tardif et réduit à son premier stade, ce tour de force psychique ait quelque chose de miraculeux : mais il ne nous échappe pas que c'est là un miracle tout intérieur, connu du seul intéressé et invisible pour ceux qui l'entourent. Une intimation certaine en a-t-elle été donnée ? — Il en a été donné deux. La première est à l'usage exclusif des passants du ciel. Grâce au pouvoir magique que nous leur connaissons les rishis ont coutume-de "traverser en volant les plaines du Gange entre leur séjour favori d'été près des lacs himâlayens et leurs retraites d'hiver dans les gorges des monts Vindhyas ; or au cours d'une de ces allées et venues, cinq d'entre eux, cinglant de conserve, se trouvent passer justement au zénith de l'endroit où médite le jeune prince : une force invincible les arrête instantanément dans leur vol. Déconcertés par cet obstacle inattendu ils regardent au-dessous d'eux et, apercevant le Bodhisattva tout resplendissant de ferveur mystique, ils se demandent à quel dieu plus puissant qu'eux ils ont affaire. Une divinité, qui compatit à leur désarroi, les renseigne. Il ne leur en faut pas moins atterrir auprès du rejeton des Çâkyas ; et l'occasion est bonne pour leur faire réciter à chacun une stance où, grâce à leur don de prophétie, ils saluent tour à tour en lui le lac, la lampe, le navire, le libérateur et le médecin qui doit rafraîchir, éclairer, traverser, délivrer et guérir le monde. Ce n'est qu'après lui avoir dûment rendu hommage qu'ils peuvent continuer leur voyage aérien. Un autre genre de surprise est réservé aux simples mortels, mais il n'est pas moins significatif. Tandis que l'enfant se livre à la méditation et que les grandes personnes s'affairent au labourage, l'heure du repas est arrivée : et ou bien les suivantes retournent à leur poste près de leur nourrisson, ou bien les ministres du roi cherchent partout l'adolescent qui s'est retiré à