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0030 La Vie du Bouddha : vol.1
La Vie du Bouddha : vol.1 / Page 30 (Color Image)

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doi: 10.20676/00000286
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28   LE CYCLE DE KAPILAVASTOU

de la ferveur religieuse dont il témoigne, mais qui, en fait, ne se borne pas à enseigner comment on peut imiter le Bouddha : la pensée indienne a plus d'audace, et son auteur, Çântidêva, n'entreprend rien moins que de tracer la voie par laquelle chacun peut devenir quelque jour un Bouddha. Or ce sont justement les dix K perfections » que nous venons d'énumérer (ou tout au moins les six plus importantes d'entre elles) qui jalonnent la longue et dure route au bout de laquelle luit le but idéal que le Mahâyâna prétendait rendre accessible à tous ; quant au bouddhisme ancien, dans cette série de vertus poussées jusqu'au degré suprême il voyait seulement, mais il voyait déjà les étapes que devait avoir nécessairement parcourues chacun de ces êtres exceptionnels qui sont d'avance prédestinés à l'obtention de la Clairvoyance (Bodhi), et que pour ce motif l'on appelle « Bodhi-sattva ).

Telle est la raison pour laquelle le passé de Çâkya-mouni ne peut être, à partir d'un certain moment de sa marche vers la lumière, qu'un tissu d'exploits merveilleux ou de sublimes sacrifices. Pour ne parler _ que de sa charité, en veut-on quelques exemples ? Il en est de tout point admirables, comme en cette occasion où, monarque proscrit et .fugitif, n'ayant rien à donner à un pauvre, il se fait livrer par lui à l'ennemi qui a mis sa tête à prix pour permettre au mendiant de toucher la prime promise. Il en est d'autres qui peuvent paraître assez extravagants, comme lorsqu'il fait l'aumône de ses yeux à un aveugle, ou quelque peu excessifs, comme quand il jette son corps en pâture à une tigresse affamée. Il en est même de franchement cruels, quand, né prince héritier, il ne sait rien refuser à un quémandeur, ni ses propres biens, ni les trésors d'État, ni ses deux jeunes enfants, ni sa femme fidèle, etc... C'est par centaines qu'on nous conte ces actions surhumaines ou ces généreuses folies comme autant d'incidents successifs dans l'évolution d'un même être. Tous ces épisodes constituent un enchaînement quasi continu qui aboutit finalement à conduire le futur Bouddha au quatrième étage des cieux. C'est de là qu'il descendra pour la dernière fois sur la terre ; et son ultime existence terrestre, couronnée par la parfaite Illumination (Sambodhi) et achevée dans le définitif Trépas (Parinirvâna), n'est elle-même que le dénouement attendu de sa fabuleuse destinée.

On comprend dès lors fort bien le parti qu'a pris l'auteur du Commentaire du recueil singhalais des « Naissances » quand il s'est proposé à peu près le même dessein que nous. Désireux d'esquisser, en guise d'introduction, l'histoire entière du Bouddha Çâkya-mouni, il l'a divisée en trois périodes. La première, dite K lointaine », embrasse à elle seule toutes les vies antérieures ; mais comme celles-ci, se succédant de toute éternité, sont en nombre infini, le bon docteur s'est vu forcé de leur fixer de son autorité privée un point de départ ; et il a cru le trouver dans l'épisode resté fameux où, en des temps très anciens, le futur Çâkya-mouni, alors simple novice brahmanique, aurait reçu d'un de ses prédé-