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0117 La Vie du Bouddha : vol.1
La Vie du Bouddha : vol.1 / Page 117 (Color Image)

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doi: 10.20676/00000286
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LA QUÊTE DE L'ILLUMINATION   I 15

d'ordinaire aux femmes : nous le connaissions déjà de source grecque, et il s'étale sur les statues. Jetez les yeux sur tel personnage de Sânchî ou du Gandhâra : vous serez aussitôt édifiés. Les ornements de tête comportaient, outre les agrafes du turban, d'énormes boucles d'oreilles ; quand au moment de son ordination le laïque les détachait, elles laissaient à découvert les lobes longuement fendus et distendus sous leur poids. Effet de l'accoutumance ou concession à la coutume locale ? Toujours est-il que les artistes indo-grecs ont conservé à leur type du Bouddha ce trait disgracieux : sur quoi les Tibétains et les Chinois, qui ne comprenaient rien à cette déformation, n'ont eu d'autre ressource que de voir dans ces oreilles démesurément allongées un signe de sagesse. Par ailleurs le torse était quasiment revêtu de colliers, les uns rigides, les autres souples. Les doigts, les poignets et les bras étaient encerclés de bagues et de bracelets, mais les anneaux des chevilles restaient l'apanage des femmes. Les. sandales étaient particulièrement ornées dans le Nord-Ouest, où le climat les exigeait de façon plus impérieuse : on devine aussitôt si les piédestaux brisés du Gandhâra étaient surmontés d'une statue de Bodhisattva ou de Bouddha selon que les pieds restés attachés au socle sont chaussés ou nus. C'est de toutes ces parures que Siddhârtha charge les bras de son écuyer pour les rapporter à la maison ; et, fidèles à eux-mêmes, les sculpteurs indogrecs ne manquent pas d'y joindre le turban que leurs collègues de l'Inde centrale nous montrent au contraire ravi au ciel. Tous ces détails peuvent intéresser l'antiquaire : le point le plus curieux pour l'historien des moeurs est le fait que le prince ne considère évidemment pas ces bijoux — non plus qu'Ignace de Loyola, son armure -- comme sa propriété privée, mais comme un bien de famille, possédé en commun par les membres du clan royal des Çâkyas, autant dire comme des « joyaux de la couronne » ; car l'idée de les donner en aumônes ne lui effleure pas l'esprit.

Nous n'ignorions pas non plus que les anciens Indiens de caste portaient longue leur chevelure : un reste de cette coutume survit dans la mèche que les orthodoxes conservent encore aujourd'hui sur le sommet du crâne. Dans la région gangétique ils entremêlaient leurs cheveux aux plis nombreux de la longue bande d'étoffe qu'ils enroulaient autour de leur tête pour se garantir contre leur redoutable soleil. Aussi le Bodhisattva tranche-t-il du même coup avec son épée sa chevelure et son turban de blanche mousseline, si bien que, quand il jette le tout au vent, « on eût cru voir l'envol d'un cygne sur un étang ». Bien entendu les dieux s'emparent aussitôt de cette précieuse relique, car (ainsi a victorieusement raisonné la légende) puisqu'elle n'est nulle part conservée sur la terre, c'est donc qu'elle a été emportée aux cieux. Sur le bas-relief inscrit de Barhut qui représente la « fête » célébrée par les Trente-trois en l'honneur de la chevelure du Bienheureux, c'est bien sa coiffure complète que nous aper-