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0232 La Vie du Bouddha : vol.1
La Vie du Bouddha : vol.1 / Page 232 (Color Image)

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doi: 10.20676/00000286
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230   LE CYCLE DU MAGADHA ET DE BÉNARLS

et déjà sans doute l'entrée dans la Communauté était interdite par la coutume non seulement aux malades graves et aux grands criminels, mais encore à tous ceux dont l'ordination aurait porté préjudice aux droits d'une tierce personne, tels que les enfants mineurs, les esclaves, les gens du roi, et encore les débiteurs qui auraient trouvé là un moyen par trop commode de narguer leurs créanciers. L'argument suffit donc à clore la bouche des gens du Magadha ; et il serait pour tous sans réplique si effectivement le Bouddha avait possédé la Vérité totale ; malheureusement (nous le voyons clairement à distance) il n'en avait saisi qu'une parcelle, et celle-ci même était étroitement conditionnée par son ambiance. N'importe : il a suffi qu'il se crût en toute sincérité détenteur de cette force irrésistible pour transformer le plus compatissant des hommes en le plus impitoyable des saints. Ne comptez pas sur lui pour s'attendrir sur le sort des femmes et des enfants, devenus du jour au lendemain veuves et orphelins du vivant de leur époux et père, ni non plus sur celui des vieux parents privés de l'espoir de toute postérité — chose si importante dans les idées indiennes, à cause de la nécessité de perpétuer les rites funèbres en l'honneur des ancêtres. Il partageait la dure et égoïste croyance de son temps selon laquelle il n'y avait pas de salut hors de la vie monastique ; et il tenait que chaque nouveau prosélyte se devait de sacrifier tout et tous, sans remords ni pitié, à la poursuite de son idéal. La « délivrance des êtres », à la manière dont ses contemporains et compatriotes . l'entendent, rien d'autre ne compte aux yeux du Sauveur indien. Et son cas est loin d'être unique. Rappelons seulement ici ce que dit l'Évangile : « En vérité je vous le déclare : Quiconque aura quitté sa maison, ses parents, ses frères, ses enfants pour le royaume d.e Dieu recevra le centuple en ce monde, et, dans le monde à venir, la vie éternelle. » Aussi E. Renan a-t-il pu écrire dans sa Vie de Jésus : « Il n'y a pas d'homme, Çâkya-mouni peut-être excepté, qui ait à ce point foulé aux pieds la 'famille, les joies de ce monde, tout soin temporel. » Il faut encore excepter celui qui fut le parfait disciple de l'un et l'inconscient imitateur de l'autre, st François d'Assise. De même que le moine mendiant est en définitive le seul chrétien complet, le bhikshou est le seul vrai bouddhiste ; et il n'a pas dépendu de ces trois réformateurs, s'ils avaient été écoutés de tous, que la société humaine ne fût bouleversée de fond en comble et finalement détruite. Non plus que le Christ, le Bouddha « n'est pas venu pour apporter la paix sur la terre, mais bien plutôt la division dans les familles » : il va nous en donner une nouvelle preuve, plus que jamais éclatante, quand après sept ans d'absence, il revient visiter sa ville natale dans le dessein de convertir bon gré mal .gré tous les siens. Reconnaissons-le ; il y a un grand fond de vérité dans cette définition humouristique recueillie de la bouche d'une missionnaire irlandaise aux Indes : « Nous sommes au catéchisme.   Question : Qui sont les saints et les