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0159 Cinq Cents Contes et Apologues : vol.2
Cinq Cents Contes et Apologues : vol.2 / Page 159 (Color Image)

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doi: 10.20676/00000294
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TSA PI YIJ KING (No 236)   195

ce qui en était ; il ouvrit l'amphore et aperçut sa propre image ; il revint donc auprès de sa femme et s'emporta contre elle en lui disant qu'elle avait caché un homme ; tous deux étaient courroucés l'un contre l'autre, chacun d'eux pensant qu'il avait raison.

Sur ces entrefaites, un brahmane, qui était depuis long-. temps l'ami intime de ce fils de notable, vint lui rendre

visite; il demanda quelle était la cause de la dispute

entre le mari et la femme et alla à son tour regarder ce qui en était ; lui aussi vit sa propre image; il s'irrita con-

tre (le fils du) notable qui, pensait-il, avait caché un de ses amis dans l'amphore, puis avait feint de se disputer avec sa femme ; aussitôt donc il s'éloigna.

Derechef, une bhiksunl, à qui le notable faisait des offrandes, apprit quelle était leur querelle; elle voulut

aller se rendre compte de ce qui en était, aperçut une bhiksulri dans l'amphore, et se retira elle aussi fort en colère.

Au bout d'un moment, un religieux vint à son tour regarder et comprit qu'il s'agissait d'un reflet; il s'écria

en soupirant : « Les hommes de ce monde, ignorants et

déçus, prennent le vide pour la réalité. » Il appela donc le mari et sa femme pour qu'ils vinssent ensemble regarder.

Le religieux leur dit : « Je vais faire sortir pour vous les

gens qui sont dans l'amphore. » Il prit alors une pierre et brisa l'amphore ; quand le vin se fut écoulé, il n'y avait

plus rien. Aussitôt l'intelligence de ces deux personnes

se dénoua; elles comprirent qu'elles avaient eu certainement affaire à un reflet de leur propre corps et chacune

d'elles fut pénétrée de confusion. Le bhiksu leur expliqua le texte des lois essentielles ; le mari et la femme obtinrent ainsi la dignité d'a-wei-yue-tche (avivartin).

Le Buddha fit de cette anecdote une parabole : ceux qui voient leur ombre et qui se disputent représentent les hommes qui, dans les trois mondes, ne connaissent pas

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