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0324 Cinq Cents Contes et Apologues : vol.2
Cinq Cents Contes et Apologues : vol.2 / Page 324 (Color Image)

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doi: 10.20676/00000294
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310   MO HO SENG TCHE LU ( No 31)

emportant des denrées et revenir maintenant en en ayant obtenu d'autres, qu'est-ce que cela a d'extraordinaire ? Moi, je suis d'abord allé les mains vides et voici les trésors que j'ai acquis ; c'est là ce qu'on peut appeler merveilleux. » Ne pouvant dominer sa joie, il brandissait ses joyaux et les agitait dans ses mains sans s'arrêter, si bien qu'il lâcha ces objets précieux qui tombèrent dans la mer.

Alors le brahmane fut pénétré d'une grande tristesse : « Je me suis donné (disait-il;, des peines extrêmes pour acquérir ces joyaux ; comment se fait-il qu'en un matin ils soient soudain tombés dans l'eau ? 11 me faut maintenant transvaser la mer pour rechercher mes joyaux. » Étant donc monté sur le rivage il se mit en quête d'une bonne pièce de bois et, quand il l'eut trouvée, il la porta à un charpentier en lui disant : « Je viens vous déranger pour que vous me fassiez une écope en bois. » Quand le charpentier l'eut terminée, le tourneur la façonna au tour et le forgeron la doubla de métal.

Quand le brahmane eut son écope, il alla au bord de la mer ; il releva ses vêtements et mit à nu ses bras dans l'intention de transvaser l'eau de la mer. En ce moment, il y eut un dieu de la mer qui fit cette réflexion : « Que veut faire ce brahmane ? il faut que je le lui demande. » Il prit donc la forme d'un brahmane et, s'étant rendu auprès de lui, prononça cette gâthâ :

Vous avez relevé vos vêtements et mis à nu vos bras : — irès affairé, vous semblez vous livrer à une occupation urgente. — Je suis donc venu vous demander — ce que vous vouliez faire.

Le brahmane répondit par cette gâtha :

Maintenant cette eau de la grande mer — qui, vaste et profonde, est la souveraine de tous les cours d'eau, — j'ai inventé présentement un moyen — par lequel je me propose de la transvaser afin qu'elle soit épuisée.