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0441 Cinq Cents Contes et Apologues : vol.2
Cinq Cents Contes et Apologues : vol.2 / Page 441 (Color Image)

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doi: 10.20676/00000294
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P~I NAI YE (1V'° 3914)

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j'invente un stratagème pour les désunir en sorte qu'ils s'entre-tuent. »

Le chacal attendit donc que le lion fîtt parti, puis il vint auprès du roi-boeuf et se tint là, les oreilles pendantes. C'est une coutume du pays du Saint que, lorsqu'on s'adresse à quelqu'un de plus âgé que soi, on lui dise « mon oncle », et que, lorsqu'on s'adresse à quelqu'un de plus jeune que soi, on lui dise « mon neveu ». Le boeuf, voyant que le chacal était vieux, l'interpella en ces termes : « lion oncle, est-ce le vent chaud qui a soufflé sur votre corps pour que, accablé de lassitude, vous laissiez pendre vos oreilles ? » Le chacal répondit : « Mon neveu, comment ne s'agirait-il que du vent chaud qui aurait soufflé sur mon corps ? c'est bien plutôt parce que j'ai appris une nouvelle qui est comme un feu dévorant. » Le boeuf ayant demandé quelle était cette nouvelle, le chacal répondit : « J'ai entendu le lion prononcer ces paroles : « Ce boeuf qui amasse de la chair (1) où peut-il bien être allé ? lorsque je n'aurai plus de viande, je le tuerai, afin de remplir ma bouche et mon ventre. » Le boeuf répliqua : « Mon oncle, ne parlez pas ainsi. Quand notre mère mourut, elle nous donna à tous deux cet avertissement : « Vous êtes deux enfants que j'ai nourris du même lait (2)... que vous ne prêtiez pas l'oreille aux paroles qui vous rendraient hostiles l'un à l'autre. » Le chacal reprit : « Mon neveu, puisque telles sont vos dispositions,

(1)Les mots   e, 14,   ne peuvent signifier que « ce bœuf qui est un

amas de chair » ; il est probable cependant qu'il faut lire jlL~   1

et traduire : « Ce boeuf qui amasse de la chair. » Plus loin, en effet, le cha-

cal prétendra que le boeuf a dit, en parlant du lion jl P la of   : « Ce

lion qui dévore de l'herbe. » Ainsi, nous avons affaire ici à une double calomnie du chacal voulant faire croire que le lion accusait faussement le boeuf de lui nuire en amassant de la chair, et que le boeuf reprochait injustement au lion de lui manger son herbe.

(2) Je supprime dans la traduction la reproduction textuelle des paroles qu'on a lues plus haut (p. 426, lignes 8-14).