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0457 Cinq Cents Contes et Apologues : vol.2
Cinq Cents Contes et Apologues : vol.2 / Page 457 (Color Image)

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doi: 10.20676/00000294
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P'I NAI YE (N°

\ ° é39$)

le cheval pourra tirer avec son pied droit. » Les ministres délibérèrent et dirent : « Ce cheval a beaucoup de force ; il tirerait un poids d'or double (de celui qu'on nous demande) ; il faut donc payer les cent mille pièces d'or, ce qui est un prix fixe et normal. » Les ministres envoyèrent un messager au roi pour l'informer qu'ils avaient trouvé le cheval intelligent et qu'on en demandait cent mille pièces d'or. Le roi, qui avait confiance, répondit au messager : « Donnez le prix qu'on demande et amenez-moi le cheval. » Il remit donc cent mille pièces d'or au messager pour qu'il prît le cheval.

Après que le messager fut retourné là-bas et eut donné l'or, on emmena aussitôt le cheval intelligent, et quand on fut arrivé à P'o-lo-ni-sseu (Vârânasî), on le conduisit dans l'écurie des chevaux et on le plaça devant la première mangeoire, puis on lui offrit comme nourriture de l'orge mêlée à l'herbe ; mais le cheval refusa de manger. Le roi, étant allé en personne pour le, voir, remarqua qu'il ne mangeait pas et demanda à celui qui avait soin du cheval : << Ce cheval intelligent n'était-il pas malade déjà auparavant ? » L'autre répondit : « 0 grand roi, ce cheval n'est en réalité point malade. Je vais maintenant l'interroger. » Il prononça donc ces gâthâs :

Pourquoi ne songez-vous pas à la maison du maître potier — où les céréales et le blé, l'eau et les herbes vous faisaient constamment défaut ? — Votre corps était maigre et vous n'aviez que la peau sur les os;— affamé, vous alliez de vous-même manger les moissons en herbe dans la campagne. — Jour et nuit vous étiez toujours astreint à ce que voulait le maître potier. — Vous portiez incessamment de la terre et vous étiez en butte aux affronts. — Maintenant vous êtes l'animal que montera le roi lui-même. — Pourquoi donc ne mangez-vous pas et semblez-vous nourrir de tristes pensées?

Alors le cheval intelligent, qui était mécontent dans son coeur, répondit avec irritation :

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