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0410 Cinq Cents Contes et Apologues : vol.2
Cinq Cents Contes et Apologues : vol.2 / Page 410 (Color Image)

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doi: 10.20676/00000294
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396   KEN PEN CIiOUO YI TS.IE YEOU POU

dit : « Vous êtes mon mari. » Il lui répondit : «Ne serait-ce pas que vous avez eu cette pensée contraire à la sagesse : Je pourrai avoir des rapports avec d'autres hommes (1) ? — Je n'ai point eu le désir de tenir une telle conduite, » répliqua la princesse. « Comment pourrais-je savoir (que vous dites vrai) ? » demanda l'aveugle. La princesse alors, avec une absolue sincérité, prononça cette parole véridique: « Voici la preuve que je dis vrai : J'ai eu le sentiment que le prince Chan-hing était là où vous vous trouviez ; j'en ai éprouvé de la joie et de l'amour ; je n'ai point eu d'autre disposition d'esprit. S'il en est réellement ainsi, puisse un de vos yeux redevenir comme il était auparavant. » A l'instant où la jeune fille prononça cette parole véridique, l'aveugle recouvra la vue d'un de ses yeux ; il dit alors : « O sage fille, je suis Chan-hing; c'est mon frère cadet Ngo-hing qui a commis une mauvaise action envers moi. — Comment pourrai-je savoir, demanda la princesse, que vous êtes réellement Chan-hing ? » Il prononça aussitôt cette parole véridique : « Au moment où Ngo-hing m'a percé les yeux, je n'ai pas conçu à son égard la moindre haine ; si cette parole est vraie, puisse mon autre oeil redevenir comme auparavant. » Quand il eut prononcé cette parole véridique, ses deux yeux se retrouvèrent clairvoyants.

La princesse emmena alors avec elle Chan-hing auprès du roi son père et dit à celui-ci : « Voici mon mari. » Comme le roi ne pouvait la croire, elle lui raconta tout ce qui s'était passé auparavant. Le roi, émerveillé, ordonna aussitôt de célébrer une cérémonie magnifique. Quand le mariage fut accompli, il fournit à Chan-hing beaucoup de soldats et des chevaux pour qu'il pût retourner dans sa ville et en chasser Ngo-hing ; puis Chan-hing fut officiel-

1. I1 soupçonne la princesse d'avoir voulu épouser un aveugle afin que l'infirmité de son mari lui permît de se livrer impunément à la débauche avec d'autres hommes.