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0443 Cinq Cents Contes et Apologues : vol.2
Cinq Cents Contes et Apologues : vol.2 / Page 443 (Color Image)

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doi: 10.20676/00000294
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PI NAI YE (N° 394)

429

quand ce roi-boeuf sortira de sa caverne, il. secouera tout son corps, puis il mugira et de son sabot il grattera le sol ; après avoir fait cela, il s'avancera au-devant de vous ; vous saurez alors que le moment est venu où il veut vous tuer. » Après avoir ainsi parlé, le chacal le quitta et partit.

Or, sachez, ô bhiksus, que ce roi-boeuf et ce lion, lorsqu'ils sortaient de leurs cavernes, agissaient toujours de la manière que le chacal avait décrite, sans avoir pour cela aucune mauvaise intention. A quelque temps de là, le lion sortit de son antre ; il secoua tout son corps, poussa trois rugissements, regarda au loin dans les quatre directions, puis s'avança vers le bœuf. Le boeuf, de son côté, était sorti de sa caverne ; il avait secoué tout son corps, avait poussé un mugissement, avait gratté le sol de son sabot et s'était avancé vers le lion. C'est ce que tous deux avaient fait constamment auparavant, mais sans y prêter aucune attention. NI ais, cette fois, comme ils avaient dans leur coeur une pensée de désunion, ils remarquèrent chacun ce que l'autre avait fait. Quand donc le boeuf vit le lion qui venait vers lui en agissant de cette façon, il se dit : « Il veut me tuer ». Le lion, de son côté, voyant la manière dont s'était comporté le boeuf, pensa aussi que celui-ci voulait le tuer. Aussitôt le lion abattit ses griffes sur la nuque du boeuf pendant que le boeuf crevait avec ses cornes le ventre du lion. Au bout d'un instant, tous deux étaient morts.

Il y eut alors dans les airs un deva qui prononça cette gâthâ :

Si on prête l'oreille aux propos des méchants, — certainement il n'en résultera rien de bon ; — la lionne leur avait dit de s'aimer mutuellement; — le chacal les fit se battre à mort.