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0015 Mission Scientifique dans la Haute Asie 1890-1895 : vol.2
Scientific Mission to High Asia 1890-1895 : vol.2
Mission Scientifique dans la Haute Asie 1890-1895 : vol.2 / Page 15 (Color Image)

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doi: 10.20676/00000197
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LE TURKESTAN CHINOIS ET SES HABITANTS.   5

son volume diminue en même temps que sa vitesse : épuisé par les cultivateurs qui captent ses eaux pour leurs champs, bu par le sable avide, absorbé par l'air sec, laissant de plus en plus ses eaux s'égarer et s'étaler sur le sol plat, il n'est plus qu'un ruisseau languissant lorsqu'il parvient â l'étang encombré de roseaux du Kara bourrin, que continue à l'est-nord-est un grand marécage, vestige du fameux lac de Lob'. Comme, d'autre part, le fleuve et ses affluents ne sont guère alimentés que par la fonte des neiges et le dégel des glaciers et des toundras des hauts plateaux, que les flancs des monts ne sont point revêtus (le forêts propres â entretenir une humidité permanente, que les collines inférieures sont dépourvues de sources, les eaux ne viennent en abondance qu'en été, quelquefois aussi dévastatrices que bienfaisantes, tandis que dans les autres saisons elles laissent â sec les larges lits pierreux. Les précipitations atmosphériques sont loin de suppléer ů cette insuffisance et â cette irrégularité (le l'irrigation fluviale. Le Lob nor est le centre géométrique du continent asiatique., situé a égale distance du cap Comorin, du cap Cambodge et de l'île Vaïgatch, de Smyrne, du détroit de Bâb el-Mandeb et du cap Lopatka. Les nuages remplis des eaux océaniques ne viennent pas jusque-la, ils se heurtent au Pamir, à 1'Altay et au T'ien chan, au massif chinois, â l'Himalaya et aux monts du Tibet. D'après notre expérience, il pleut ou il neige moins de deux fois par mois, en moyenne, dans la plaine et toujours en très petite quantité. Aussi, presque tout le pays est-il dénué de végéta-Lion ; â peine rencontre-t-on 0 et lit de rares plantes désertiques, sèches et maigres, tchigh et y-aizta, sai saoul dans le nord. En fait

1. On connaît la discussion entre Prjévalsky et Richthofen au sujet de l'ancien Lob nor que les vieilles cartes chinoises placent â 40° 30' de latitude, c'est-â-dire beaucoup plus haut que les lacs vus par Prjévalsky. M. Pievtsof a justement découvert â l'est d'Ayrilghân, sur le bras oriental du 'Tarim inférieur, quatre petits lacs situés entre 40° 24' et 39° 53'. Cette découverte semble â première vue mettre d'accord la théorie et la réalité ; néanmoins s'il n'est pas douteux que ces lacs de M. Pievtsof, le Kara bourân et le Kara kochoun ne soient les fragments disjoints d'une nappe d'eau primitivement unique, je ne crois pas que ces petits lacs soient les restes de l'ancien Lob nor. Je reviendrai plus loin sur ce point.