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0295 Mission Scientifique dans la Haute Asie 1890-1895 : vol.2
Scientific Mission to High Asia 1890-1895 : vol.2
Mission Scientifique dans la Haute Asie 1890-1895 : vol.2 / Page 295 (Color Image)

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doi: 10.20676/00000197
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LE TURKESTAN CHINOIS ET SES I-IABITANTS.   269

tout â fait. Au reste ce fonctionnaire avait des goűts d'artiste et aimait fort les beaux jardins. Il en fit aménager un dans son hôtel et

chacun fut prié de prêter son concours à cette oeuvre d'art. Les jardi-

niers donnèrent leur travail, les bourgeois cossus fournirent â titre
gracieux, qui des plantes et des arbres, qui la boiserie d'un kiosque, qui

les dalles d'un bassin. Le jardin achevé, le préfet s'y promenait en com-

pagnie d'un noble seigneur du pays qui le complimentait sur les belles
choses qu'il savait faire : « Voici surtout un pavillon au bord de l'eau

qui est bien joli et vraiment délicieux par la chaleur qu'il fait ! — Oui, soupira l'Excellence d'un air mélancolique, si j'avais été en Chineje l'aurais fait dorer et couvrir de porcelaine émaillée, malheureusement cela coûterait deux ou trois mille francs. — Excellence, dit le noble seigneur, qui n'était point sourd, c'est demain votre jour de naissance, vous permettez que je vous offre... — Ah ! dit l'Excellence, merci ! je n'attendais pas moins de vous. » C'est ce même père du peuple qui avait transformé l'hôtel de la préfecture en une fabrique d'objets de jade. Il se procurait par ordre les meilleures pierres de son département aux prix les plus doux, les industriels fournissaient le matériel nécessaire sans loyer, les ouvriers travaillaient â tour de rôle à raison de cinq sapéques par jour et c'était merveille de voir l'activité qui régnait dans le sanctuaire de la justice. A la fin les contribuables portèrent plainte, ils distribuèrent beaucoup d'argent â Kâchgar pour se faire entendre, le préfet en distribua de son côté pour démontrer sa vertu. Il en distribua (le nouveau à Ouroumtchi ; on accepta tout ce qu'il voulut donner et lorsqu'on eut jugé avoir pris une part suffisante aux bénéfices de l'usine, on destitua le trop actif manufacturier. Il avait manqué de mesure; il en est d'autres qui sont plus discrets, savent réaliser des profits importants sans faire crier personne et méritent les éloges du gouvernement, qui tient moins à l'honnêteté scrupuleuse qu'à la tranquillité.

Il est nécessaire du reste de se mettre en garde contre les exagérations. Ce qui nous paraît être un vol qualifié n'est point considéré comme tel par les Chinois et les Turcs. Les préfets et leurs subordonnés n'étant