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0335 Mission Scientifique dans la Haute Asie 1890-1895 : vol.2
Scientific Mission to High Asia 1890-1895 : vol.2
Mission Scientifique dans la Haute Asie 1890-1895 : vol.2 / Page 335 (Color Image)

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doi: 10.20676/00000197
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  •            LE TURKESTAN CHINOIS ET SES HABITANTS. . 309

trente ans, ils ne possédaient pas un pouce de terrain ; ils ne sont devenus propriétaires fonciers que lorsque Yakoub Bek eut distribué quelques menues parcelles des terres de l'État à ceux d'entre eux qui avaient servi dans son armée. Bien qu'ils se disent musulmans, qu'ils déclarent accepter la même loi et les mêmes juges que les autres habitants du pays, qu'ils envoient leurs enfants h la même école, les Turcs orientaux refusent de partager leur pain avec eux et de leur donner leurs filles en mariage. Les uns les accusent d'être juifs, les autres d'être les descendants des meurtriers des Imams Haçan et Houçeyn, condamnés pour ce crime à l'exil et dispersés par tous les lieux de la terre. Ces on dit n'ont aucune valeur et les noms que portent les Abdal ne fournissent pas d'indication certaine sur leur origine. Heynou est un mot qui m'est absolument inconnu ; quant h Abdal, c'est le nom d'une tribu afghane et c'est aussi celui d'une tribu turkmène, mais entre ces peuples et les Abdal du Turkestan chinois il n'existe pas, h ma connaissance, d'autre rapport que ce nom, que ceux à qui il est appliqué n'acceptent pas. J'ai pensé que les Abdal pouvaient être une variété sédentaire des Tsiganes-Louli, et en effet le principal élément de la langue de ceux-ci est également le persan et plusieurs mots dont je n'ai pu déterminer l'origine sont employés par les uns et • les autres. Cependant, ces quelques expressions ont pu être empruntées par les Abdal aux Louli, dont une commune misêre et un commun isolement les rapprochaient ; on remarque de grandes différences dans le vocabulaire comme dans la syntaxe ; enfin les moeurs, le genre de vie, les traditions ne sont point les mêmes. Leurs souvenirs, encore que très vagues, m'ont conduit à voir en eux les descendants des Chiites persans, qui furent les avant-coureurs de l'Islam dans le Turkestan oriental. Ils rapportent que leurs aïeux étaient originaires de Koufah, quittèrent cette ville à la suite de Iműm Mohammed Ghezzàli, petit-fils de Ali, qui fut le premier h mener une armée musulmane dans le Turkestan oriental. Il périt le vendredi 10 Djoumada-el-aoual de l'année 121 de l'hégire (739 J.-C.) dans un combat contre les infidèles et fut enterré près de Kéria, à Boghhz :Langar. Le peu de soldats qui lui survécurent restèrent