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0101 Mission Scientifique dans la Haute Asie 1890-1895 : vol.2
Scientific Mission to High Asia 1890-1895 : vol.2
Mission Scientifique dans la Haute Asie 1890-1895 : vol.2 / Page 101 (Color Image)

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doi: 10.20676/00000197
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LE TURKESTAN CIíINOIS El' SES íIABITANTS.   89

sa vie d'un travail modéré. L'ouvrier est rarement pressé de livrer sa besogne ou d'en demander une nouvelle. II prend son temps, s'octroie des vacances, il moins que la faim ne le pousse. La crainte de tout effort suivi interdit aux Kachgariens aussi bien la fourberie impudente que l'austére probité. Ils sont honnêtes ou malhonnêtes plus par faiblesse que par vertu ou par vice. Incapables de se défendre par la force, ils ont pris l'habitude de recourir à la ruse et au mensonge, mais il faut de l'énergie pour être fripon et coquin jusqu'au bout et le Kachgarien s'arrcte ů un juste milieu. Il profite sans scrupule déplacé des bonnes aubaines qui se présentent, aide discrétement ii la fortune, se garde de l'irriter en rappelant trop souvent son attention sur lui ; d'ailleurs il ne nourrit aucun mauvais dessein contre son prochain, ne le dépouille qu'en lui souhaitant d'en faire autant et le pave volontiers de bonnes paroles et de menus services. Ajoutons qu'il ne vole pas ouvertement et qu'il respecte le plus souvent le dépût qui lui est confié. Pour louvoyer ainsi entre le bien et le mal, pour être indélicat sans étre filou, il a besoin de ressources intellectuelles non méprisables. 'En effet, s'il n'est pas doué de la souple finesse de l'Hindou, il est encore moins affligé de la stupidité du Mongol et il m'a semblé que les Chinois des provinces du nord-ouest, plus àpres au gain, plus retors, de volonté plus ferme et plus tenace, avaient l'esprit moins ouvert, s'accommodant moins vite aux nouveautés.

Avec ses défauts, le Kachgarien est cloué d'une foule de qualités précieuses qui ne les compensent pas exactement, mais du moins constituent une assez bonne fiche de consolation. Sa mollesse insouciante lui donne une gaieté facile ; il estbienveillant et doux, malgré quelques restes de sauvagerie primitive qui reparaissent de temps ů autre, accueillant à l'étranger, charitable au pauvre. Au lieu de noble fierté, il a une bonhommie familiére qui atténue les différences sociales et les rend plus supportables. Certes on ne rencontre point en lui l'héroisme, l'enthousiasme, l'audace, l'activité puissante et sans cesse renouvelée, qui chez les peuples d'occident déploient largement la personnalité de l'homme et lui font une existence d'une intensité savoureuse; en

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