National Institute of Informatics - Digital Silk Road Project
Digital Archive of Toyo Bunko Rare Books

> > > >
Color New!IIIF Color HighRes Gray HighRes PDF   Japanese English
0057 Mission Scientifique dans la Haute Asie 1890-1895 : vol.2
Scientific Mission to High Asia 1890-1895 : vol.2
Mission Scientifique dans la Haute Asie 1890-1895 : vol.2 / Page 57 (Color Image)

New!Citation Information

doi: 10.20676/00000197
Citation Format: Chicago | APA | Harvard | IEEE

OCR Text

 

LE TURKESTAN CHINOIS ET SES HABITANTS.   45

près certain qu'ils occupèrent le Turkestan oriental tout entier pendant au moins trois quarts de siècle. Il est probable que, déjà zélés bouddhistes, ils furent appuyés par les quelques myriades de moines qui peuplaient alors les nombreux couvents de la région, et peut-être auraient-ils maintenu leur domination fort longtemps malgré les Arabes et les Turcs, peut-être la Kachgarie serait-elle aujourd'hui un pays de langue tibétaine et de religion bouddhique si de graves luttes, ayant éclaté entre l'élément religieux et l'élément laïque dans le royaume de Lha-sa, n'en avaient- amené la division au cours du IXe siècle et ruiné la puissance.

La place des Tibétains fut prise par les Turcs Ouigour qui apparaissent alors pour la première fois dans l'histoire du Turkestan oriental'. C'étaient, au rapport des annalistes chinois, des descendants de ces Kao-kiu ou T'ié-lé (= Teulés) dont une partie au -ve siècle paissait ses troupeaux sur les confins nord-orientaux de la contrée qui nous intéresse, dans les environs de Barkoul. Soumis à l'empire des Turcs proprement dits au milieu du vie siècle, plusieurs de leurs tribus, sous la direction de celle des Ou-hou, c'est-à-dire des Ogouz ou Tokouz Ogouz, secouèrent le joug vers l'an 600 et formèrent sur la rivière Sélenga un groupement de peuplades indépendant qui prit le nom de Ouigour, Hoei hô en Chinois'. Durant tout le vie siècle ils furent en

  1. On. a supposé que les Oykhardes de Ptolémée étaient les Ouigour, sans autre motif qu'une vague ressemblance de noms. D'ailleurs, le géographe alexandrin paraît les placer å l'est du Lob nor.

  2. Hoei-est certainement la transcription dú turc Ouigour. L'aspiration, qui y a été ajoutée, s'explique par le désir des Chinois de trouver un caractère de leur langue ayant un sens désobligeant tout en se rapprochant pour le son du terme indigène. Hoei veut dire en effet barbare. De même pour transcrire le nom des Huns ils ont choisi •les caractères signifiant esclaves turbulents, Hioung-nou. En 788, Hoei-est devenu Hoei-hou å la demande expresse du khâkân ouigour (hou = gerfaut).; enfin hoei-hou fut â son tour remplacé au XIIIe siècle par Ouei`ou-eut (— Oui-gou-r). Les inscriptions de l'Orklion ne citent pas les Ouigour parmi les ennemis considérables de la puissance turque et tout ce que les Chinois racontent des Hoei-hô se rapporte à ce que les inscriptions. disent des Tokouz Ogouz; la raison en est que le khâkân turc a préféré l'appellation ethnique â la