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0400 Mission Scientifique dans la Haute Asie 1890-1895 : vol.2
Scientific Mission to High Asia 1890-1895 : vol.2
Mission Scientifique dans la Haute Asie 1890-1895 : vol.2 / Page 400 (Color Image)

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doi: 10.20676/00000197
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374   MISSION SCIENTIFIQUE DANS LA HAUTE ASIE.

tain déploie un esprit fécond en ressources, défiant, rusé, retors et tenace, il scrute avec la plus grande attention l'objet qu'on lui offre en échange de sa marchandise, le manie, le flaire, le soupèse en hochant la tête, lui trouve tous les défauts qu'il a et lui prête tous ceux qu'il n'a pas, vous examine du coin de l'oeil pour pénétrer vos intentions et voir l'effet produit par ses paroles, jauge votre capacité commerciale, mesure le degré de votre générosité ou de votre avarice, tâte et flatte votre vanité, met å l'épreuve votre patience, au reste ne fait pas de proposition nette, use de circonlocutions vagues et tourne indéfiniment autour (lu pot, montre d'autant plus de répugnance â conclure l'affaire qu'elle lui paraît plus avantageuse, ne s'engage que s'il est certain de ne jamais pouvoir obtenir mieux, et, s'il juge cependant s'être trop avancé, il revient déclarer que sa femme consultée refuse de ratifier le marché et vous salue humblement en tirant la langue et se grattant l'oreille. Ce n'est pas ainsi qu'agit un véritable marchand. Le commerce réclame plus de liberté et de largeur, et le Tibétain, dans sa ruse naïve de montagnard mal léché, a trop peur d'être dupé et trop envie de duper pour faire jamais beaucoup d'affaires. D'ailleurs il est casanier à l'excès, comme tous les peuples primitifs et particuliéremeut les nomades ; il n'aime pas â voir du nouveau et, quand par hasard les circonstances l'ont fait sortir de son trou, il est gêné, ahuri, n'aspire qu'å retourner chez lui au plus tőt, incapable qu'il est de modifier le moins du monde ses habitudes et de s'accommoder à un milieu insolite. Au fond il est agriculteur et pasteur et n'est jamais que brocanteur d'occasion. Il ne s'établit pas négociant å demeure; tous les magasins et les boutiques du pays sont tenus par des Chinois, des Népalais, des Kachmiriens, des musulmans de l'Inde nord-occidentale, du La-dag et du Baltistân. Les débits de boissons (tch'ang-k'ang), exploités par les femmes indigènes, ne peuvent pas être considérés comme une exception. Les transactions du commerce intérieur se font soit dans les bazars des villes Wrorn pr. t'om) ou dans les foires périodiques, généralement annuelles, qui se tiennent près des villages ou des monastères. A ces foires on se rend de plusieurs centaines de kilomètres à la ronde;