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0174 Mission Scientifique dans la Haute Asie 1890-1895 : vol.2
Scientific Mission to High Asia 1890-1895 : vol.2
Mission Scientifique dans la Haute Asie 1890-1895 : vol.2 / Page 174 (Color Image)

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doi: 10.20676/00000197
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158   MISSION SCIENTIFIQUE DANS LA HAUTE ASIE.

passionné de la terre comme en d'autres pays, son ambition, quand il est peu fortuné, est moins d'arrondir son champ que d'amasser une petite somme qui lui permette d'acheter une pacotille de colporteur, puis, s'il plaît å Dieu, des ballots de marchandise à charger une caravane partant pour le Tibet ou Andidjân. Être saoudégar ! Quel rêve ! cela promet des loisirs charmants, des gains faciles et magnifiques, cela chatouille délicieusement la vanité. Prêter de l'argent au lieu d'enemprunter,_ remuer des centaines d'écus dans sa caisse, se promener à cheval par la ville avec un manteau propre sur le clos, même les jours ordinaires, être salué du titre de riche homme, donner à danser à ses voisins et distribuer aux grandes fêtes la soupe aux pauvres, c'est plus qu'il n'en faut pour exciter les ambitions les plus endormies. En outre le commerce n'a'point en Kachgaríe cette apparence de machine formidable, compliquée, pleine de mystères et de pièges qu'il a chez nous. Il est simple, aisé, avantageux ; avec un peu de savoir-faire — et c'est ce dont les indigènes manquent le moins — un capital quelconque rapporte bon an mal an 100 pour 100, voire 200 pour 100. Quoique le nombre des marchands soit relativement considérable, si tous, à beaucoup près, ne font pas fortune, tous vivent et profitent. Les marchands de ce pays sont comme les loups, ils ne se mangent pas entre eux ; il ne leur vient pas à l'idée de diminuer le taux de leurs bénéfices pour s'emparer de la clientèle du voisin. Ils prospèrent aux dépens des classes agricole et industrielle, car les services qu'ils leur rendent ne sont nullement en proportion avec les avantages qu'ils en retirent et c'est une (les causesde la gêne des paysans. Dans ces conditions, si tout le monde ne quitte pas la bêche pour l'aune, c'est qu'il est très difficile de réunir le capital indispensable, si mince soit-il, qu'il est extraordinaire d'avoir un peu d'argent devant soi qui ne soit pas nécessaire aux besoins immédiats de la vie.

La classe commerçante a naturellement subi la répercussion de la crise agricole que je signalais tout å l'heure. L'écoulement des marchandises est devenu plus difficile et l'on dit que le commerce est moindre aujourd'hui que vers 1885 et donne moins de profits. En