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0083 Mission Scientifique dans la Haute Asie 1890-1895 : vol.2
Scientific Mission to High Asia 1890-1895 : vol.2
Mission Scientifique dans la Haute Asie 1890-1895 : vol.2 / Page 83 (Color Image)

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doi: 10.20676/00000197
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LE TURKESTAN CHINOIS ET SES HABITANTS.   71

portrait qu'en ont tracé les auteurs contemporains est plus détaillé et nous y reconnaissons tous les traits essentiels de la physionomie du pays et du peuple, tels que nous les observons encore aujourd'hui. La tournure d'esprit, les goûts, le caractère, le degré de moralité étaient alors ce qu'ils sont de notre temps, les arts que l'on pratiquait, on les pratique toujours, ni mieux, ni pis, sauf de faibles exceptions, on fabriquait å. peu près ce qu'on fabrique et par des procédés identiques, on faisait le même commerce par les mêmes voies, on cultivait les mêmes plantes dans les mêmes champs. Cependant une révolution s'accomplit dans l'intervalle, la plus complète qu'un peuple puisse subir. Une race nouvelle se mêla a l'ancienne, l'état politique, la langue, la religion, le droit furent changés. Il se fit beaucoup de bruit et d'agitation, et, finalement, il se trouva que les apparences s'étaient modifiées, mais que le fond était resté le même.

La conquête turque, commencée au me siècle et terminée dans le suivant, apporta un élément ethnique jeune et vigoureux, une organisation militaire excellente, une écriture, une langue. Les indigènes acceptèrent tout ce qu'on voulut. Les Turcs étaient des soldats, chevauchant et guerroyant le plus qu'ils pouvaient, occupant leurs loisirs

manger et à boire; ils n'avaient point de temps de reste pour se mettre a l'école de la population soumise, il fallait bien que celle-ci se mît ů la leur, apprît leur façon de parler et d'écrire. Ce mélange d'une race grossière avec une race mal affinée n'était point fait pour relever celle-ci, pour lui donner le goût des sciences et des arts. La lingue (les vainqueurs, née dans les bois et les steppes, était un médiocre instrument de civilisation, si rude et si incomplète qu'on fut bientôt obligé d'en combler les lacunes au moyen de mots étrangers. Du moins les conquérants étaient doués de vertus éminentes, de celles qui manquaient le plus aux conquis et qui leur eût été le plus précieux d'acquérir.:[ls étaient disciplinés, savaient commander aussi bien qu'obéir, ne craignaient ni l'effort, ni la douleur ; dés que le tambour battait, ils étaient ů cheval, et, sans regarder derrière eux, oubliant femmes et enfants, maisons et jardins, ils partaient, durs à la fatigue et hardis ů