National Institute of Informatics - Digital Silk Road Project
Digital Archive of Toyo Bunko Rare Books

> > > >
Color New!IIIF Color HighRes Gray HighRes PDF   Japanese English
0438 Mission Scientifique dans la Haute Asie 1890-1895 : vol.2
Scientific Mission to High Asia 1890-1895 : vol.2
Mission Scientifique dans la Haute Asie 1890-1895 : vol.2 / Page 438 (Color Image)

New!Citation Information

doi: 10.20676/00000197
Citation Format: Chicago | APA | Harvard | IEEE

OCR Text

 

412   MISSION SCIENTIFIQUE DANS LA HAUTE ASIE.

pourquoi les lamas méprisent profondément les laïques .et cela d'autant plus que ceux-ci ne peuvent alléguer aucune excuse, réclamer aucune indulgence puisque l'infériorité de leur état est la conséquence de l'infériorité de leur conduite dans leurs existences antérieures. Sans doute, le christianisme prêche aussi le détachement du inonde et il n'y aurait pas besoin de presser beaucoup certains passages des évangiles pour en tirer une théorie du renoncement aussi absolue que celle du bouddhisme; mais à côté de ces passages il y en a d'áutres, qui font leur part aux nécessités de la vie active et qui donnent place dans la maison à tous les hommes de bonne volonté. Si les tendances au renoncement parfait faillirent prévaloir aux débuts, alors qu'on était enfermé dans un cercle étroit et qu'on croyait la fm du monde prochaine, le côté pratique de l'enseignement évangélique prit vite le dessus lorsque la communauté sé fut étendue. Quant à l'islamisme, c'est une religion toute pratique, qui no se perd point dans les régions indistinctes de l'idéal, et qui, par suite, est encore plus que le christianisme ,une religion de laîques, de gens engagés dans les affaires du siècle, et tandis que dans le christianisme le prêtre conserve surie laïque une supériorité spirituelle marquée, il n'en a aucune dans l'islamisme. Telles sont les raisons pour lesquelles ces deux dernières religions ont toujours exercé une influence sociale et morale incomparablement plus grande que le bouddhisme.

Les lamas. tibétains ne s'occupent guère du peuple que pour en extraire leur subsistance et le maintenir sous leur autorité temporelle. Pour cela ils couvent avec sollicitude ses superstitions au lieu de les écraser, ils nourrissent en lui la croyance en leur supériorité, inaccessible à tout laïque, en leur puissance sur les êtres divins, sur les démons et sur la nature. Ils se font passer pour les intermédiaires obligés entre les hommes et la divinité; il n'y a pas de dieu sans lama, dit le proverbe et le clergé s'est fait le distributeur des biens temporels comme des biens spirituels, il a donné une chiquenaude au Bouddha pour obliger ce dieu impassible à s'inquiéter un peu des affaires du monde, il a infusé une vie nouvelle å toutes les divinités populaires que le Très Sage avait rejetées dans leur néant, les a accaparées et s'est fait leur commision-