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0261 Mission Scientifique dans la Haute Asie 1890-1895 : vol.2
Scientific Mission to High Asia 1890-1895 : vol.2
Mission Scientifique dans la Haute Asie 1890-1895 : vol.2 / Page 261 (Color Image)

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doi: 10.20676/00000197
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LE TURKESTAN CHINOIS ET SES HABITANTS.   235

hommes les plus influents,.les plus réputés pour leur science .et leurs vertus. Les médiocres lui plaisent davantage : ils sont plus souples et moins dangereux. Les docteurs les plus zélés et les plus instruits sont d'ailleurs peu tentés de briguer des places, car il leur faudrait faire trop de concessions dans l'application de la loi. Lenzouftide Khotan est obligé par le caractère de son office d'être un homme instruit, cependant son instruction n'est pas de premier ordre même pour le pays. Celui de Kéria s'est â force de hâblerie et d'affectation d'austérité acquis un renom de docteur éminent, mais il se ferait refuser â un examen de l'Ecole des langues orientales. Tous les kâzis que j'ai vus étaient fort ignorants. Lorsque le tao-t'ai de Kâchgar envoya en 1892 un plénipotentiaire pour régler avec les Anglais la question du Pamir il eutgrand'peine â trouver parmi le clergé de Kâchgar quelqu'un qui siit assez le persan pour servir d'interprète. Le molla a `lam, qui fut enfin désigné, ne fut pas toujours; si j'en crois ce qu'on m'a rapporté, â la hauteur de sa tâche. Ce n'est pas que les docteurs non pourvus de fonctions soient de remarquables savants. Je n'ai connu que deux mollas capables de comprendre le texte arabe du Koran. Un seul professeur de médressé â Khotan connaît les commentaires arabes du Livre sacré et peut les expliquer ; c'est, d'ailleurs, le pédant le plus mal élevé que nous ayons jamais rencontré. Chez les musulmans la largeur d'esprit est trop souvent en raison inverse de la science et c'est sans doute â l'ignorance généralement répandue dans le Turkestan que la population de ce pays doit ses qualités de tolérance et de cordialité bienveillante.

Les médressés ou collèges de théologie, véritables couvents, ont fréquemment plus de professeurs que d'élèves ; dans les plus sérieux on apprend le Coran par coeur sans l'entendre, on étudie le droit canon, et l'on explique quelques livres persans faciles comme le Gulistan. La .plupart (les médressés, qui sont nombreuses, sont moins des collèges que des hôtelleries et des réfectoires de moines (cheikhs), dont le meuble essentiel n'est point la bibliothèque, mais la grande marmite de fonte autour de laquelle tout gravite. La valeur et la réputation s'en mesure