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0408 Mission Scientifique dans la Haute Asie 1890-1895 : vol.2
Scientific Mission to High Asia 1890-1895 : vol.2
Mission Scientifique dans la Haute Asie 1890-1895 : vol.2 / Page 408 (Color Image)

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doi: 10.20676/00000197
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382   MISSION. SCIENTIFIQUE DANS LA HAUTE ASIE.

exclusif de vendre du thé sur le marché tibétain. Elles profitent du

manque de concurrence pour faire payer très cher de très mauvaise marchandise. Ce thé d'exportation contient dans les briques de qualité

inférieure plus de bois que de feuilles ; il est souvent avarié et le meil-

leur n'a pas (le quoi flatter notre goût européen. Mais les Tibétains y sont habitués et s'en déclarent satisfaits. C'est un préjugé profondément

ancré dans leur esprit que tout autre thé n'est que du thé falsifié et

dangereux. Même dans le La-dag, soumis à l'autorité britannique, où ils peuvent se procurer dti thé de l'Inde de meilleure qualité et ů plus

bas prix, ils s'obstinent à user de cet affreux thé de Ta-tsien-Iou, affir-

mant que celui des Anglais est un poison capable de donner toute espèce de maladie. Marchands, gouvernement et lamas, qui souvent d'ailleurs

ne, font qu'un, ont également intérêt ih encourager ce préjugé populaire, les marchands à cause du profit matériel qu'ils en retirent, le gouvernement et les lamas pour empêcher autant que possible les relations commerciales avec les Anglais.

On pourrait écrire uri curieux chapitre sur l'influence du préjugé en matière commerciale. On vient de voir h propos du commerce du

thé que le préjugé peut être plus fort que l'intérêt. Le commerce du

safran est un exemple non moins singulier du même fait. La Chine tire son safran du Tibet, qui lui-même est obligé de l'acheter h

l'Inde. La route est mauvaise et longue, le transport coûteux. Pour

remédier à l'enchérissement qui en résulte on falsifie la marchandise, et les Chinois achètent sous le nom de safran un mélange aussi

ingénieux que détestable. Il serait évidemment plus avantageux de faire venir cet article directement de l'Inde par voie maritime; on l'aurait ainsi ů meilleur compte et de meilleure qualité. Mais les Chinois sont persuadés que le safran du Tibet est le meilleur des safrans, ils sont contents de leur erreur et ils ne veulent pas changer leur persuasion pour la vérité.

Outre le thé, Ta-tsien-lou exporte au Tibet des cotonnades en petite quantité, des tentes de coton, des soieries pour une valeur assez importante, du brocart, des k'a-tag (k'a-btags), sortes d'écharpes en soie