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0420 Mission Scientifique dans la Haute Asie 1890-1895 : vol.2
Scientific Mission to High Asia 1890-1895 : vol.2
Mission Scientifique dans la Haute Asie 1890-1895 : vol.2 / Page 420 (Color Image)

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doi: 10.20676/00000197
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394   MISSION SCIENTIFIQUE DANS LA HAUTE ASIE.

pervertirent, le poids de leurs mauvaises actions l'emporta sur celui des bonnes, et, perdant leurs privilèges, ils devinrent (probablement par palingénésies successives) semblables aux hommes d'aujourd'hui et plongés dans l'obscurité par suite de la perte de la lumière divine, qui jadis émanait de leurs corps. Alors Sang-gyé créa neuf soleils, dont l'ardeur excessive liquéfia tout ce qui existait et le monde ne fut plus qu'une masse en fusion, où seul le roi des monts subsista. Puis il provoqua par la force de sa méditation la formation d'une sorte de protoplasma, qui, se durcissant, s'accroissant et se subdivisant, constitua un nouveau monde avec les quatre continents réels ou fabuleux, les astres, les dieux, les hommes et les bêtes. Les hommes, confiants dans la subtilité de leur intelligence, se pervertiront de nouveau au point que, dédaignant la loi suprême et éternelle dont Chakya Mouni fut le prédicateur, ils en arriveront dans l'orgueil de leur puissance apparente å faire la guerre aux derniers fidèles et à l'incarnation terrestre du Bouddha, le Talélama, qui devra, sous le nom de Gya-ser (?) gyal-po, monter sur son coursier blanc et tirer l'épée pour la défense de la vérité. Alors, la fin des temps sera proche et lorsque l'univers aura été détruit par la volonté de Sang-gyé, celui-ci en façonnera, un autre dans une période ultérieure. Il est å noter que le monde dans cette conception ne cesse pas d'être une apparence sans réalité; il est le produit de la force d'illusion de Sang-gyé et comme un songe de la Divinité, seule véritablement existante. Cette théorie, essentiellement chivaiste, n'est peut-être pas conforme å l'enseignement de la majorité des dócteurs tibétains, sauf la fin, qui reproduit la légende de Krichna, rappelle celle de l'Antéchrist et qui est article de foi ; mais comme on attache peu d'importance h ces questions, des lamas Gé-loug-pa même peuvent soutenir de pareilles idées sans être traités d'hérétiques.

A côté de Sang-gyé et de ses émanations célestes et terrestres, qui ne font- qu'un avec lui, le bouddhisme tibétain reconnaît une foule de

divinités secondaires empruntées å la mvthológie hindoue et å la vieille religion locale. Ces divinités, bonnes ou malfaisantes, reçoivent un culte régulier, jouissent d'attributions spéciales et d'un pouvoir indépendant;