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0139 Mission Scientifique dans la Haute Asie 1890-1895 : vol.2
Scientific Mission to High Asia 1890-1895 : vol.2
Mission Scientifique dans la Haute Asie 1890-1895 : vol.2 / Page 139 (Color Image)

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doi: 10.20676/00000197
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LE TURKESTAN C:IIINOIS ET SES IIABITANTS.   123

gènes éprouvent peu de répugnance à se marier à des femmes de cette sorte ; pour eux le mariage efface tout, et c'est là un sentiment très orthodoxe, parfaitement conforme à cet esprit de l'Islam où la charité et la fraternité se mêlent d'une manière si bizarre à la plus odieuse

tyrannie.   .

La grande liberté des moeurs qu'on observe aujourd'hui dans le Turkestan oriental y est très invétérée. Dès les premiers siècles de

notre ére, les Annales chinoises signalent la dissolution et la luxure qui règnent depuis le Pamir jusqu'aux confins de la Chine. Grigorief,

en rappelant ces anciens témoignages, croit trouver la cause de ce relàchement dans la multitude d'étrangers qui, selon lui, devaient sans cesse passer dans cette contrée, carrefour des routes de Chine, d'Inde et de Transoxiane. L'explication n'est pas valable puisque les étrangers

n'ont jamais pu être très nombreux dans un pays d'aussi médiocre commerce que la Kachgarie l'a toujours été. Mais la fréquence des

invasions et des conquêtes qu'elle a subies, les violences qui s'ensui-

vaient, les complaisances inévitables des vaincus, la présence de garnisons peu respectueuses de la dignité des populations qu'elles gardaient

n'ont pu manquer (l'exercer une influence mauvaise sur les moeurs. Le

bouddhisme a également sa part de responsabilité dans cette affaire, non que sa morale théorique ne soit très pure; mais il a ruiné le crédit

des croyances antiques, déjà ébranlées avant lui, sur lesquelles la famille

était fondée et qui en faisaient la force, sans mettre en leur place une vigoureuse discipline sociale, capable de s'imposer à tous et de mainte-

nir chacun dans la régie. L'islamisme, plus puissant, avait le double

tort de sacrifier à l'excès les femmes aux hommes, ce qui était trop opposé aux coutumes du pays, et, indulgent sur quelques points impor-

tant, de déployer sur d'autres, indifférents en soi, une rigueur outrée

et mesquine inexplicable aux yeux des indigènes. Ceux-ci n'ont jamais pu comprendre ni accepter la tyrannie avec laquelle l'islamisme traite les femmes, les recelant au fond des appartements inté-

rieurs, les obligeant à ne sortir que strictement voilées, à ne pas se montrer en présence des hommes. Le mépris et l'impatience de ces