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0078 Mission Scientifique dans la Haute Asie 1890-1895 : vol.2
Scientific Mission to High Asia 1890-1895 : vol.2
Mission Scientifique dans la Haute Asie 1890-1895 : vol.2 / Page 78 (Color Image)

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doi: 10.20676/00000197
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66   MISSION SCIENTIFIQUE DANS LA HAUTE ASIE.

normale pour l'engager sur tine route où il n'était pas en état de marcher.

Presque en môme temps que les troupes chinoises, le bouddhisme fit son apparition et se propagea surtout grâce au puissant roi (les Kouchân, Kânichka, dont l'autorité s'étendit un moment sur le Touron oriental au premier siècle de notre ére. Nous ne pouvons pas dire que ce fut un bienfait. La nouvelle religion possédait une métaphysique très noble et une morale très haute : mais une religion vaut un peu ce que valent les hommes qui la pratiquent et les Touraniens étaient moins préparés à profiter des beaux côtés du bouddhisme qu'à se laisser gâter par ses défauts. Le pessimisme profond qui est l'essence même de la doctrine de Châkya Mouni, son dédain absolu des choses de ce monde illusoire, le renoncement à l'action qu'il prêche, en un mot, son mysticisme exagéré, étaient très propres à favoriser la pente naturelle des esprits nouvellement convertis à la nonchalance et it l'indifférence. De plus une des caractéristiques du bouddhisme est un •grand mépris, teinté de commisération, pour les laïques placés si bas sur l'échelle de la connaissance et qui peuvent tout juste espérer, à force d'oraisons et d'ceuvres pies, gravir dans une existence ultérieure un degré de l'échelle infinie. Par suite, le but est avant tout d'accroître autant que possible le corps des moines, les seuls vrais initiés, et l'on cherche moins à guider le troupeau des Aines vulgaires dans le sentier du salut qu'à leur inculquer le respect (le l'habit religieux, et à les façonner l'obéissance et A la mansuétude. Ce n'est point de cela que les Touraniens avaient besoin. D'ailleurs le bouddhisme n'a exercé parmi eux qu'un empire limité. Nous sommes portés à l'exagérer parce que l'état du pays à cette époque ne nous est guère connu que par les moines qui y ont voyagé : Fa Hien, Soung Yun, Hiouen Ts'ang. Leurs récits sont trompeurs quoique leur bonne foi ne soit pas en cause. Comme ils ne s'intéressent qu'à leur religion, qu'ils ne parlent à peu près que d'elle, il nous semble qu'en dehors d'elle il n'existait rien. Un examen plus approfondi montre qu'il en faut rabattre. Le nombre des moines parait n'avoir pas dépassé le vingtième de la population totale, ce qui est bien