National Institute of Informatics - Digital Silk Road Project
Digital Archive of Toyo Bunko Rare Books

> > > >
Color New!IIIF Color HighRes Gray HighRes PDF   Japanese English
0361 Mission Scientifique dans la Haute Asie 1890-1895 : vol.2
Scientific Mission to High Asia 1890-1895 : vol.2
Mission Scientifique dans la Haute Asie 1890-1895 : vol.2 / Page 361 (Color Image)

New!Citation Information

doi: 10.20676/00000197
Citation Format: Chicago | APA | Harvard | IEEE

OCR Text

 

LE TIBET ET SES HABITANTS.   335

auraient peut-être réussi A ruiner au ville siècle l'empire de leur suzerain, si celui-ci n'avait suscité contre ses dangereux voisins une coalition presque générale de l'Asie. J'ai expliqué précédemment comment ils avaient été pendant près de deux siècles les maîtres plus ou moins irréguliers et contestés du Turkestan chinois, comment au cours du ixe siècle leur royaume se démembra par suite des rivalités devenues légendaires entre le pouvoir civil et le clergé. Les lamas, nourris, protégés, comblés de grâce par la royauté, reconnurent ses bienfaits, dés qu'ils se sentirent assez forts, en essayant de la chasser du logis oit elle leur avait fait place. C'est l'éternelle histoire. Les rois se défendirent, et l'un d'eux, Lang-dar-ma, se signala par une persécution acharnée contre le clergé. Il n'était autre, si nous en croyons la chronique, que le diable incarné ; il avait sur la tête un embryon de corne et il dissimulait attentivement cette difformité, qui eùt révélé A son peuple sa véritable qualité. Seuls, ceux â qui il confiait le soin de sa barbe et de sa chevelure pouvaient apercevoir le signe dénonciateur, mais ils n'avaient garde d'être indiscrets, car, leur besogne achevée, ils étaient aussitôt mis A mort. Enfin un saint ascète, qui à force de se consumer dans la contemplation avait acquis le don de seconde vue, connut l'existence de la corne et comprit que son devoir était de nettoyer de ce monstre impur la terre sacrée des Bod. Il réussit A pénétrer secrètement dans le palais du monarque et le tua d'un coup de flèche. Le clergé fut rétabli au xe siècle dans ses prérogatives. Khoubilay Khân reconnut comme chef du clergé tibétain le supérieur du couvent de Sa-skya', lui conféra l'autorité temporelle sous sa propre suzeraineté, et depuis, la Chine ne cessa de soutenir le clergé. La puissance des moines vis-A-vis de la royauté laique déclina en même temps que la force des empereurs et reprit vigueur ávec elle.Tsong-k'a-pa, le grand réformateur, triompha avec la dynastie des Ming, ses successeurs furent éclipsés par les rois séculiers soutenus des Mongols d'Ili dès que les Ming eurent perdu leur ascendant, ils recouvrèrent leur prééminence aussitôt que la dynas-

1 . Prédécesseur et oncle du fameux P'ags-pa.