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0427 Mission Scientifique dans la Haute Asie 1890-1895 : vol.2
Scientific Mission to High Asia 1890-1895 : vol.2
Mission Scientifique dans la Haute Asie 1890-1895 : vol.2 / Page 427 (Color Image)

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doi: 10.20676/00000197
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LE TIBET ET SES HABITANTS.   401

et aux environs afin de chasser les mauvais esprits; car le feu lui-môme est tenu pour un être divin, protecteur naturel de ceux qui l'entretiennent. Il y aurait lieu de rechercher si ce feu domestique n'était pas h l'origine parmi les Tibétains, comme il l'est parmi les Turcs et les Mongols, confondu avec le dieu domestique et avec les divinités des ancêtres morts. Quoi qu'il en soit, c'est la communauté du culte domestique qui forme le lien entre les membres d'une môme famille, et elle peut tenir lieu de parenté réelle. Tous les Tibétains sont organisés en petites sociétés d'ensevelissement mutuel, composées de voisins et d'amis, qui ne sont pas tous unis par le sang, mais qui ont tous le même dieu et qui par suite sont assimilés a des descendants du môme ancêtre (rouspa tchig-tchig) ; on les appelle p'a-spoun, cousins, et il ont le devoir de pourvoir aux funérailles les uns des autres; et nul autre qu'un p'aspoun ne peut rendre les devoirs suprêmes i un défunt, car les mines repoussent les hommages de tout étranger à leur famille et à leur culte. Par conséquent, l'Ame de celui qui meurt loin (le ses p'a-spoun et qui est incinéré sans leur concours errera, perpétuellement misérable, au grand effroi des vivants. Pour apaiser l'irritation des mines qui n'ont point reçu de sépulture régulière, les lamas vont de temps ii autre jeter dans les rivières et les sources des houlettes de tsam-ba en invitant tous les esprits rôdeurs ii venir y prendre part. De même, deux Tibétains qui veulent conclure un pacte d'amitié semblable à l'andalaLhou des Mongols sacrifient solennellement un animal et en boivent le sang, liquide vital par excellence, afin de se mettre en communion intime avec la divinité h qui la victime a été offerte, et qui s'est infusée par la consécration dans les veines de l'animal ; de cette maniére les contractants ont en eux du sang du môme dieu, c'est-it-dire du même ancôtre, ils sont fréres.

A côté des survivances de la religion domestique, nous en trou-

vons un grand nombre d'une religion de la nature absolument semblable à celle (les anciens Turcs et des anciens Mongols et à celle qui

est encore en vigueur, malgré quelques altérations, chez les Chinois. Les Tibétains voient une divinité dans tous les phénomènes naturels,

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