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0232 Documents sur les Tou-kiue (Turcs) occidentaux : vol.1
Documents sur les Tou-kiue (Turcs) occidentaux : vol.1 / Page 232 (Color Image)

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doi: 10.20676/00000256
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222   EDOUARD CHAVANNES.

i

t

taquer les Joan-joan. Les Turcs, hordes infimes assujetties aux Joan-joan

pour le compte de qui ils travaillaient le fer, trouvèrent là l'occasion de

sortir de leur abjection ; leur chef, T'ou -men, marcha contre les Tölös et

les battit. Enorgueilli de son succès, il demanda en 546 à être récompensé

des services qu'il avait rendus et à obtenir la, main d'une princesse Joan-

joan; il s'attira d'A-na-koai cette hautaine répouse : «Vous êtes nos esclaves

forgerons; comment osez-vous tenir un pareil langage»? 1).

Rebuté par les Joan joan, T'ou-men reçut un accueil plus favorable

du chef de l'une des petites dynasties tongouses qui se partageaient la

Chine du nord, et il épousa en 551 une princesse de la famille des Wei

occidentaux. Il put alors se venger de l'affront qui lui avait été infligé; la

victoire qu'il remporta en 552 sur les Joan-joan lui donna pleine satis-

faction puisque le roi A-na-koai se tua de désespoir, tandis que son fils

An-lo-tch'en allait implorer le secours des Ts'i septentrionaux 2). En 555,

lorsque les derniers survivants des Joan-joan vinrent se réfugier à Tch'ang-

ngan, le prestige des Turcs était tel que, sur leur simple demande, l'em-

pereur des Wei occidentaux leur livra les fugitifs; ceux-ci furent décapités,

au nombre de trois mille, en-dehors des portes de la capitale 3).

L'écrasement des Joan-joan rendait à l'ouest les Turcs voisins des

Hephthalites; ils ne tardèrent pas à entrer en conflit avec eux.

Les Hephthalites 4) apparaissent d'abord dans l'histoire chinoise sous

le nom de Hoa; au temps oh les Wei résidaient à Sang-kan, dans le nord

du Chan-si, c'est-à-dire de 386 à 494, les Hoa n'étaient qu'un petit peuple

soumis aux Joan-joan 5). Vers le milieu du V" siècle, ils prirent une grande   t1

  1. Tcheou chou, chap. L, p. 1 v°.

  2. Pei che, chap. XCIX, p. 1 v°: Is   o U   i   r

   lti   .

o On rejettera comme fautive la traduction de St. Julien, (Documents sur les Tou -

kioue, p. 6): «A-na-koueï tua lui-même son propre fils nommé An-lo-chin, et s'enfuit dans le

royaume de Thsi».

  1. Pei che, chap. XCVIII, p. 9 r°.

  2. Sur les Hephthalites, voyez D r o u i n, Mémoire sur les Huns Ephthalites dans leurs   lit
    rapports avec les rois Perses Sassanides (Extrait du Muséon, 1895). — Je me fais un plaisir de remercier ici M. Dr ou i n de toutes les indications bibliographiques qu'il a bien voulu me

donner sur un sujet que ses propres études lui avaient rendu depuis longtemps familier.

  1. Leang chou, chap. LIV, p. 13 v°:   ot z   A-et -   o   Zt11

,J\ g o )   N N Les Wei étaient une dynastie tongouse qui, pendant plus

d'un siècle, résida à Tai 4-   sur le haut cours de la rivière Sang-kan   et , à l'Est de   ~[

Ta-t'ong fou   I~J )fl' du Chan-si; les princes de cette dynastie avaient le nom de fa-

mille T'o-pa   ; quand ils eurent transféré en 494 leur capitale à Lo-yang (Ho-i!
nan fou), et qu'ils eurent subi l'influence de la civilisation chinoise, ils prirent en 496 pour nom de famille le mot yuen 5 qui signifie «primitif», car, disaient-ils, T'o-pa signifie en

langue du nord «prince de la terre» et la terre est l'élément «primitif» (Wei chou, chap. I, p. 1 r° et chap. VII, b, p. 8 v°).