National Institute of Informatics - Digital Silk Road Project
| |||||||||
|
Documents sur les Tou-kiue (Turcs) occidentaux : vol.1 |
250 EDOUARD CHAVANNES.
Avant de s'attaquer aux Avares, les Turcs avaient écrasé les Abdel
que T h é o p h y l a c t e identifie avec les Hephthalites. Mais, si les Avares
sont les Joan joan, ils ont été battus par T'ou-men en 552 et ont été
définitivement anéantis en 5551); les Hephthalites, de leur côté, n'ont subi
le choc destructeur des Turcs qu'entre 563 et 567 2). Comment donc
peut-on expliquer que Théophylacte considère les Hephthalites comme
ayant été vaincus avant les Avares? On remarquera que le peuple vaincu
par les Turcs avant les Avares s'appelait Abdel, dans la lettre du kagan;
c'est Théophylacte qui, de sa propre autorité, déclare que les Abdel ne
sont autres que les Hephthalites 3); or, on a retrouvé le nom des Abdel
chez un auteur syriaque qui distingue ce peuple de celui des Hephthalites 4);
comme ce texte est cité dans une compilation qui est de l'année 569, il a
dû être écrit antérieurement à cette date, à une époque par conséquent
où les Hephthalites avaient encore un grand pouvoir politique; il est ainsi
hautement improbable que l'auteur se soit trompé en parlant des Abdel
et des Hephthalites comme de deux nations différentes. Il faut donc re-
jeter l'identification proposée par Théophylacte. Si les Abdel ne sont
pas les Hephthalites; que sont-ils? Il est probable qu'ils sont les T'ie-le
des auteurs chinois, les Tölös des inscriptions turques; c'est en effet par
une victoire sur les T'ie-le que les Turcs commencèrent à prendre con-
science de leur force et c'est après avoir remporté ce succès que, en-
orgueillis de leur triomphe, ils osèrent livrer bataille aux Joan-joan qui
les avaient tenus jusqu'alors asservis 5); si l'on substitue les Abdel aux
Cf. p. 222, lignes 11-18.
Cf. p. 226, ligne 16, et p. 230, note 4.
Cf. p. 246, n. 2.
Ce texte n'est pas, comme on l'a dit parfois, de Zacharie le rhéteur, mais il
est inséré dans le livre XII d'une compilation, écrite par un Syrien jacobite anonyme en 569, qui nous a conservé dans les livres III—VI la traduction syriaque de la Chronique de Zacharie. M. Rubens Duval à qui je dois ce renseignement, a eu la grande obligeance de me donner la traduction du passage qui nous intéresse: «Gourzân, région d'Arménie avec la langue analogue au grec; ils ont un petit roi chrétien, soumis au roi de Perse. — Arân ou Ara dans la même région d'Arménie, avec sa langue; peuple croyant et baptisé; il ont un petit roi, soumis au roi de Perse. — Sisgân, contrée et sa langue, peuple croyant, mais il y a des habitants païens. — Bazgoun, contrée et sa langue, qui est proche et limitrophe des Portes Caspiennes et de la mer, qui appartiennent aux Huns. — A l'intérieur des Portes sont les Bourgares (Bulgares) et leurs langues, peuple païen et barbare; ils ont cinq villes. — La nation des Dadou, qui habitent dans les montagnes; ils ont des forteresses. — Oungour (Ouïgour), peuple qui habite les tentes. — Ougar, Sabar, Bourgar, Iiourtargar, Abar, Kasar, Dir-mar, Sarourgour, Bayarsiq (Barsilq = Bxrcr~~T ap. M a r q u art, Erânsahr, p. 253), Koulas (Kholas), Abdal, Ephthalith; ces treize peuples habitent des tentes; ils vivent de la chair des troupeaux, de poissons, d'animaux sauvages et de rapines». — Les derniers noms énoncés étant au nombre de douze, et non de treize, il y a sans doute lieu d'y ajouter les Ouïgours cités immédiatement avant eux. Voir le texte syriaque dans Land, Anecd. Syr., III, p. 337).
Cf. p. 222, lignes 1-4.
r•
|
Copyright (C) 2003-2019 National Institute of Informatics and The Toyo Bunko. All Rights Reserved.