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Documents sur les Tou-kiue (Turcs) occidentaux : vol.1 |
DOCUMENTS SUR LES TOU—MUE OCCIDENTAUX. 301
ces objets sont manifestement inspirés de l'art perse des Sassanides 1);
ils sont les preuves du mouvement commercial qui mit alors en rapport
entre elles les contrées les plus distantes.
Ce ne furent pas seulement les marchandises qui furent transportées
à travers le territoire turc; les idées, elles aussi, suivirent les routes des
caravanes: en 630, Hiuen-tsang parcourut le monde turc du nord au sud
pour aller chercher dans la terre sainte du Bouddhisme les enseignements
qui devaient ranimer et épurer la foi chinoise, et ce fut grâce à l'appui
de Che-hou kagan qu'il put atteindre l'Indus sans encombre. Quatre ans
auparavant, en 626, ce même Che-hou kagan avait fait bon accueil aux
religieux hindou Prabhâkaramitra et à ses compagnons qui étaient ensuite
venus en Chine à la suite d'un ambassadeur impérial chez les Turcs 2). En
621, le premier temple du feu s'éleva à Tch'ang-ngan, et, en 631, le mage
Ho-lou répandit dans l'Empire du Milieu la religion du dieu céleste, c'est-
à-dire le culte zoroastrien 3). En 635, enfin, le moine nestorien A-lopen,
franchissant de l'ouest à l'est le pays des Turcs occidentaux, vint de Syrie
apporter sur les bords de la rivière Wei la religion chrétienne sous la forme
que lui avaient donnée les Nestoriens 4). La coïncidence de toutes ces dates
n'est pas fortuite; elle prouve que l'existence de l'empire turc d'occident
facilita singulièrement les allées et venues des voyageurs d'un bout à l'autre
de l'Asie; c'est grâce à lui que trois grandes religions, le Mazdéisme, le
Christianisme et le Bouddhisme, purent, les deux premières s'implanter, et
la troisième se vivifier en Chine.
L'aiguière à laquelle nous faisons allusion a figuré à l'Exposition de Paris en 1900; elle est reproduite dans l'Histoire de l'art du Japan (Ouvrage publié par la Commission Impériale du Japon à l'Exposition universelle de Paris, 1900), p. 61 Quant à la bannière, on peut
en voir une représentation dans le bel ouvrage de l'ingénieur Ito jj- sur la construction
du temple Horiuji Ire (Mémoires de l'Academie Impériale de
Tokyo, ter fascicule, leT numéro), page 18, fig. 54 de l'Atlas. Je dois à l'obligeance de M. Sylvain Lévi la communication de ce livre trop peu connu des orientalistes Européens. Dans une conférence faite au Musée Guimet le 9 Mars 1902 et autographiée, M. D e s h a y e s a donné des reproductions de cette bannière; on remarquera sur le flanc des deux chevaux supérieurs
le mot chinois I , et, sur le flanc des deux chevaux inférieurs, le mot ; cette étoffe ne
doit donc pas provenir directement de la Perse; elle a été vraisemblablement fabriquée en Chine sur un modèle Persan. M. D e sh ay es parle encore, dans cette conférence, d'un tissu de dessin analogue qu'il appelle le tissu Foukoutchi. I1 serait fort désirable qu'on publiât d'une manière complète et rigoureusement exacte ces documents qui ont une réelle importance pour l'histoire de l'art. — M. Di e u l a f o y (Comptes-rendus des séances de l'Acad. des Inscriptions, 1901, p. 3) a déjà remarqué que parmi les oeuvres d'art conservées au Japon et datant de la période comprise entre 650 et 720, «certains objets semblent importés de Perse ou des Indes».
Cf. p. 192-193.
Cf. Journal Asiatique, Janv.-Fév. 1897, p. 61-62.
Cf. l'inscription chrétienne de Si-ngan fou.
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