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Documents sur les Tou-kiue (Turcs) occidentaux : vol.1 |
298 EDOUARD CHAVANNES.
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Le désastre éprouvé par Kao Sien-tche sur les bords de la rivière
Talas marque la fin de la puissance des Chinois dans les pays d'Occident.
Mais on ne comprendrait guère qu'une seule bataille ait pu avoir un résul-
tat aussi radical si on ne considérait pas les événements qui se passèrent à
la même époque dans d'autres régions de l'Asie.
Le royaume de Nan-tchao dont les princes, de race thaïe, avaient leur
capitale près de Ta-li-fou, dans le Yun-nan, était devenu vers 738 un
puissant état grâce à l'énergie du roi P'i-lo-ko qui avait réuni entre ses
mains les six principautés autrefois distinctes qu'on appelait les six Tchao.
Son fils, Ko-lo-fong, qui lui succéda en 748, ne tarda pas à se trouver en
mésintelligence avec les fonctionnaires chinois du Se-tch'oan dont l'ambition
était d'ouvrir un chemin à travers la partie orientale du Yun-nan pour
aller au Tonkin. La querelle s'envenima, et, en 751, un général chinois,
Sien-yu Tchong-t'ong marcha contre Ta-li fou; Ko-lo-fong, voyant sa capi-
tale menacée, tint tête aux impériaux et remporta sur eux une grande vic-
toire près du lac Si-eul, leur tuant plus de soixante mille hommes. Cette
bataille, qui eut lieu le 29 Mai 751, précéda donc de moins de deux mois
celle qui, à l'autre bout de l'Asie, devait se livrer près de Talas entre les
Arabes et les Chinois. Effrayé de son propre triomphe et craignant des
représailles, Ko-lo-fong réclama la protection du roi ou btsanpo du Tibet.
Celui-ci accueillit avec empressement ces ouvertures qui lui donnaient le
moyen de renforcer singulièrement son pouvoir; il conféra donc au roi de
Nan-tchao le titre d'Empereur de l'orient (tong-ti) et le nomma btsanpo
cadet. En 754, une armée chinoise essaya de soumettre Ko-lo-fong; mais
ce fut pour essuyer un nouvel échec et deux cent mille soldats trouvèrent
la mort au nord de Ta-li-fou 1).
L'année suivante (755), éclatait la révolte de cet extraordinaire con-
dottiere d'origine étrangère, Ngan Lou-chan, qui, plus par ses talents de
courtisan que par ses qualités militaires, avait réussi à capter la confiance
papier se développa et devint en usage constant jusqu'à ce qu'elle gagnât pour la population de Samarkand l'importance d'un produit commercial. C'est ainsi qu'elle contribua à l'utilité et au profit du genre humain dans tous les pays de la terre».
Au nombre des captifs chinois se trouva vraisemblablement, comme le suppose Hirth
(Nachworte zur Inschrift des Tonjuhuk, p. 3), Tou Iloan *~ qui devait écrire sur les
pays étrangers un livre, malheureusement perdu, intitulé King hing ki .41g 4--t Ag. Dans
le T'ong tien de Tou Yeou, qui nous a conservé quelques fragments de cet ouvrage, nous lisons en effet (chap. CXCI, p. 10 r°): «Mon parent Tou IMoan suivit le commissaire chinois Kao Sientche lors de son expédition en occident; il arriva, la dixième année t'ien-pao (751) à la mer
d'occident r!: ' ; au début de la période pao-yng (762) il profita d'un bateau marchand
pour revenir (en Chine) par Koang tcheou (Canton). Il est l'auteur du King hing ki».
1) Pour tous ces faits, cf. Une inscription du royaume de Nan-tchao (Journ. Asiatique, Nov.-Déc. 1900).
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